La Complainte.

Que sont mes amis devenus ;
Que j’avais de si près tenus…
Et tant aimés.
Ils ont été trop clairsemés,
Je crois le vent les a ôtés.
L’amour est morte.
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte ;
Les emporta.


Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre…
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver.
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte,
En quelle manière.


Que sont mes amis devenus ;
Que j’avais de si près tenus…
Et tant aimés.
Ils ont été trop clairsemés,
Je crois le vent les a ôtés.
L’amour est morte.
Le mal ne sait pas seul venir.
Tout ce qui m’était à venir…
M’est advenu.


Pauvre sens et pauvre mémoire ;
M’a Dieu donné, le roi de gloire.
Et pauvre rente…
Et droit au cul quand bise vente.
Le vent me vient, le vent m’évente.
L’amour est morte.

Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte ;
Les emporta.


Rutebeuf


Mémoire : André – Jean-Pierre, mes amis disparus.


Une réflexion sur “La Complainte.

  1. clodoweg 09/03/2023 / 20:12

    Le plus beau poème de la langue française.

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