Après avoir auditionné à huis clos des généraux et quelques hauts fonctionnaires puis enregistrés leurs plaintes, ces députés, membres de la commission de la Défense, évaluent le « déficit » en munitions de l’armée de terre à 3 milliards d’euros.
Tout en protégeant leur anonymat, ils dressent même la liste des produits rationnés : obus de 155, 120 ou 105 mm pour l’artillerie, pour les chars Leclerc ou pour les blindés légers AMX-10 RC. Sans compter les missiles pour batteries anti aériennes, les roquettes, etc. Les « terriens » ne sont pas les seuls à gémir.
L’armée de l’air et la marine se désolent, elles aussi, d’être « en manque » d’avions, d’hélicoptères, de missiles en tout genre et de torpilles. Dans son rapport du 6 février, la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense a confirmé le côté maigrichon des réserves en des termes qui sentent la poudre : « Il faut être en mesure de produire rapidement des équipements et des munitions. »
Un général de haut rang en rajoute : « On ne se retrouve même pas en caleçon, on est à poil. » Et pourtant, comme il le révèle, Macron a récemment autorisé – en secret, pour ne pas énerver Poutine ? – la livraison à l’Ukraine de missiles antichars Akeron.
Probablement prélevés sur les stocks de l’armée de terre, ces missiles seront remplacés bientôt – c’est juré ? – car le fabricant MBDA (un consortium européen) a reçu, le 2 janvier, une commande française de 200 missiles et de 30 postes de tir. Ce nouveau venu sur le front ukrainien est garanti très précis par des militaires, et efficace même à 5 km de distance.
A Munich, le 17 février, lors de la conférence annuelle des Occidentaux sur la sécurité, il a été question de munitions, et d’en livrer davantage aux Ukrainiens. Alors que, en réalité, chez plusieurs membres éminents de l’Otan, les arsenaux commencent eux aussi à sonner le creux. A preuve, le constat dressé à Bruxelles, trois jours plus tôt, par Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, devant les ministres de la Défense de l’Alliance : « L’Ukraine utilise plus de munitions que les pays alliés n’en produisent. » Il était pourtant évident dès l’an dernier que l’artillerie ukrainienne était la « reine des batailles » et qu’elle consommait énormément. Mais cela n’avait alors alerté personne, et les usines de munitions ont continué de ronronner à l’économie.
Baisse de la cote de l’Ukraine envahie
Autre preuve que rien n’est simple chez ces alliés qui admirent tant la combativité des Ukrainiens, le chancelier Scholz a critiqué certains Etats européens qui possèdent des centaines de chars allemands Leopard. Selon lui, ils mettent beaucoup trop de temps à tenir leurs engagements de livrer une partie de ces blindés aux Ukrainiens. « Que tous ceux qui peuvent fournir des Leopard le fassent vraiment », a grogné Scholz en insistant sur l’adverbe et en oubliant qu’il avait fallu que Joe Biden intervienne brutalement pour que lui-même promette, le 25 janvier, d’en envoyer 14 à Kiev.
Quant à Macron, après avoir dressé la liste des échecs de Vladimir Poutine en un an de guerre, il a reconnu que les Occidentaux connaissaient eux aussi des revers. « Je suis frappé, a-t-il dit, de voir combien nous avons perdu la confiance du « Sud global ». » Traduction du parler macronien : l’invasion de l’Ukraine est loin d’être unanimement condamnée en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Asie.
Exact. Mais, pourquoi Macron évite-t-il de reconnaître qu’en France les critiques se font plus nombreuses sur les livraisons d’armes à l’Ukraine ou sur le soutien politique et financier apporté à Zelensky ? Des réactions d’origines très diverses, qui ne sont pas seulement le fait de pacifistes chevelus, de pro-Poutine invétérés, de gaullistes désabusés, de mélenchonistes confirmés ou d’anti-Otan historiques.
Les sondages reflètent cette évolution de l’opinion française, qui s’exprime parfois dans la presse et un diplomate confie au « Canard » qu’un conseiller de l’Élysée a déposé une note en ce sens sur le bureau de Macron.
Claude Angeli. Le Canard enchaîné. 22/02/2023
Ce genre d’article me fait frissonner, toujours mal à l’aise lorsque l’on parle d’armement. MC
Il faut oublier l’angélisme. Les relations entre états sont uniquement dirigées par les intérêts.
Les USA jouent leur domination sur l’Europe, les européens n’ont aucun intérêt dans la guerre Russie Ukraine, ils ont eu pendant 1 000 ans une Russie qui allait jusqu’à la Pologne, voire l’Allemagne, ils sont habitués à avoir pour voisin l’ours russes qui a toujours été un client parfois un allié de la France.
Alors regardons les choses en face: ce conflit est une affaire de gens qui parlent la même langue ont toujours vécu ensemble, cela ressemble plus à un désaccord en famille. Poutine n’est pas plus brutal qu’un tsar et moins qu’un Staline ou Trotsky.
Que notre armée soit équipée, c’est une chose, que nous interventions dans un conflit de famille une autre.
Zelensky se prend pour ce qu’il n’est pas, c’est un gouverneur d’oblast et on en fait un tsar, Loukachenko est plus réaliste. L’Ukraine n’est pas moins russe que le Roussillon ou l’Alsace ne sont françaises.
Une façon de voir très personnel de cette guerre Russo-Ukainienne, Bernard. Il en est de même pour l’histoire et la géographie; tant que nous y sommes de la dérive des continents et du trop de platoc retrouvé dans l’organisme des poiscailles, du manque d’eau dans la nappe phréatique…
Ukrainien sous les bombes, je ne me vois pas faire risette à Poutine.
Enfin, l’article dénonce, en sous entendant bien au-delà des stocks et armements divers armés, l’ineptie, l’attentisme (et pas l’atlantismes) des gouvernements dans le dispatching du budget « régalien » national.
Sans doute les ORS de la république sont-ils des paravents à la réalité du terrain.
MC
Spirale sans fin….et on se retrouve coincé entre deux feux. L’article a le mérite d’être factuel. Merci Michel.
Article intéressant qui met en lumière cru ce qu’est la géoplitique entre les supers puissances d’ici ou d’ailleurs notamment dans le Pacifique. La France n’est plus qu’une nation supplétive dans le cadre de l’Union européenne et de l’OTAN. Quant à nos difficultés d’approvisonnements en munitions ou en armements dans les différentes armées, ce n’est un secret pour personne notamment parmi nos parlementaires, notre Chef d’Etat-Major et nos alliés voire nos potentiels ennemis connus ou inconnus !
L’Ukraine, dans son entier, est la seule victime en coût humain, perte de territoires, champ de bataille expérimental des différentes armées pour un combat décidé par d’autres. Le peuple russe, pour en partie les mêmes raisons de souffrances, de morts, de manipulation est la seconde victime. Le cynisme est devenu la règle tout en faisant pleurer « margot » pour nous inviter à la sobriété, à la décroissance sociale et l’acceptation de mesures dites de sauvegarde ! Comme d’habitude direz-vous mais, aujourd’hui, les découvertes récentes en neurosciences permettent d’être encore plus efficaces.
Quand on a dépecé la Yougoslavie, l’Irak, la Syrie, la Palestine et bien d’autres, les bons esprit regardaient ailleurs tout comme aujourd’hui entre Israël et Cisjordanie, en Arménie, dans le Kurdistan, en Chine …..
Mêmes réactions d’amnésie quand les accords de Minsk édictés sous l’autorité morale de la France et de l’Allemagne ont été bafoués. Lorsque les sabotages avérés ont permis de mettre hors d’usage le gazoduc Nord Stream 1 et 2 qu’ont dit les pays en partie bailleurs de fonds et futurs utilisateurs ? Leurs murmures est à peine audible avec la complice des médias de cour. La communauté internationale en est encore au stade des conjectures alors que l’ensemble des Chancelleries en connaît les auteurs et leurs motivations économiques, politiques et géopolitiques !
Notre histoire et celle du continent européen devraient nous rendre plus modestes dans nos déclarations en étant moins péremptoires. En effet, il faut déjà préparer la paix entre les belligérants sous l’égide de la Turquie, de la Chine, de l’ONU ou des Etats-Unis ?
Merci à l’homme du 07 « mystérieux » que je connais bien, pour ce commentaire.
Amitiés
Michel