Le bizness de la chambre d’hôpital est en plein boom !
Le service public tire une bonne partie de son financement de la facturation des chambres simples. Si un médecin en prescrit une, elle est prise en charge par la Sécu. Si c’est un patient qui la demande, elle est payée par sa mutuelle – s’il en possède une (« Le Canard », 15/2).
Et, ça, le futur campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen-Grand Paris-Nord (ouf !) l’a bien compris.
Le site, qui regroupera les activités médico-chirurgicales des hôpitaux Bichat et Beaujon de l’AP-HP, ouvrira ses portes en 2028. Le projet initial, dessiné en 2016, se voulait bienveillant : il ne comprenait que des chambres simples – mieux pour les patients, leur confort et leur rétablissement. Las ! une contre-expertise du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), publiée en novembre 2016, a remis en question cette organisation : « L’ARS souligne que l’hypothèse de 100 % de chambres individuelles est un scénario intéressant. » Mais il note que cela peut poser un problème « en termes de recueil de consentement du patient et donc d’optimisation des recettes du régime particulier ». En clair : s’il n’y a que des turnes simples, l’hôpital ne peut pas les facturer, puisque le patient ne dispose d’aucune alternative !
Qu’à cela ne tienne ! L’AP-HP a aussitôt revu la composition des 20 unités de soins. Dans chacune d’elles, il y aura 22 chambres simples, quatre dédoublables et une à deux lits, pour permettre de gonfler la facture : c’est acté dans le programme technique détaillé en 2019, et la construction doit débuter en 2024.
La contre-expertise s’interroge néanmoins sur le modèle économique : « La population desservie (qualifiée de « précaire » dans le rapport) disposera-t-elle des assurances complémentaires lui permettant de bénéficier de ce dispositif ? » Elle risque de trouver le tarif de la chambre simple élevé : 55 euros, contre 44 aujourd’hui. Tant pis pour le patient. Dans le nouvel hôpital de Saint-Ouen, qui promet 941 places d’hospitalisation, les lits seront plus chers et moins nombreux. On appelle ça le progrès ?
Fanny Ruz-Guindos. Le Canard enchaîné. 22/02/2023
Vive l’hôpital public payé par nos deniers, nos impôts… MC
Bonjour et merci pour le relais de cet article…
Amitiés
Michel