SDF : Une bombe à retardement

Toute pièce à un recto et un verso

« Une communication à charge et inadmissible, alors que l’on a travaillé avec eux pour faire le plan Logement d’abord, qui est un succès. On n’a jamais ouvert autant de logements d’urgence, jamais autant structuré le financement du logement. Ce qu’ils ont fait là, c’est une rupture de confiance. Maintenant, ça suffit ! il faut taper du poing sur la table ».

Les propos tenus par Emmanuel Macron à propos du dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre, lors du Conseil des ministres du 1ᵉʳ février 2023, sont peu amènes.

Aujourd’hui, dans notre pays, plus de 330 000 personnes sont considérées comme « sans domicile » par l’Insee, c’est-à-dire donnant dans la rue, ou en hébergement. Ce chiffre n’est donc pas le nombre de sans-abri. Mais il est fou. Et il a plus que doublé au cours des dix dernières années. Or la rue tue.

Au 3 février 2023, le collectif Les Morts de la rue signalait déjà 47 morts depuis le début cette année (1).

On compte désormais en milliers les familles qui sont sur le trottoir au sein de la 7ᵉ puissance économique mondiale. Heureusement, des parents d’élèves et des enseignants qui ont un peu les boules de savoir que certains de leurs élèves font leurs devoirs à la lumière d’un réverbère réagissent.

A Lyon, le collectif Jamais sans toit occupe des établissements, dans l’espoir de faire battre à nouveau les petits cœurs secs des recteurs. Mais malgré leur courage, on dénombre toujours 226 enfants dont les joues sont collées aux pavés de la capitale des Gaules. C’est deux fois plus que l’an dernier, champagne !

Loin d’aider les plus désespérés, le gouvernement lutte contre celles et ceux qui n’ont pas eu la bonne idée de choisir des parents fortunés. Ainsi, l’État a-t-il fait appel devant le Conseil d’État de décisions de justice l’obligeant à héberger des familles à la rue.

Mais de quoi sont faits ces gens ? Vous vous voyez, vous, haut fonctionnaire, avec votre belle cravate, vos belles chaussures et le logement confortable qui vous attend le soir, aller porter cette requête au nom du peuple français ? Et le pire, c’est que ça marche : des décisions de justice ont établi qu’une famille avec un enfant de 4 ans à la rue n’est pas suffisamment « vulnérable » pour que l’État soit obligé de l’héberger… Mais qui sont ces juges, enfin ?

Le nombre de sans-abri a plus que doublé ces dix dernières années

Car la solution est connue depuis des années : héberger, sans condition, toutes les personnes â la rue. Non seulement cela les aide, sur le plan physique et psychologique, ce dont tout le monde bénéficie, mais en plus, cela conduit à d’importantes économies pour la collectivité, puisque ces personnes évitent les rixes, les addictions, les vols, et donc coûtent moins cher en frais de santé, de police et de justice. C’est ce qu’a fait la Finlande, où le nombre de sans-abri a été divisé par trois en dix ans, ce qui a conduit à une baisse des dépenses publiques (2) . Mais la France ne va pas s’en inspirer, notre génie national nous suffit, merci.

Enfin : qu’espère Emmanuel Macron de tous ces enfants – en France, leur nombre est estimé à 42 000 par Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité – qui dorment dans des abris de fortune, des chambres d’hôtel sordides ou dehors ? Qu’ils vont devenir de bons citoyens, respectueux d’une République qui les laisse crever ? Car comme l’expliquent les psychiatres, quand on est tout petit, ne jamais être au chaud, ne pas pouvoir manger quand on a faim, ne pas être consolé quand ça ne va pas, entraîne de graves séquelles psychologiques, pour partie irréversibles (3).


Jacques Littauer. Charlie hebdo. 15/02/2023


  1. « 330 000 personnes sans domicile : un scandale français », par Manuel Domergue (alternatives­economiques.fr, 8 février 2023).
  2. « Sans-abri : le « miracle fmlandais » », par Valentin Dunate (France Info, 20 janvier 2022).
  3. « En France, plus de 42 000 enfants sont sans domicile fixe » (BFMTV, 10 octobre 2022).

6 réflexions sur “SDF : Une bombe à retardement

  1. anne35blog 17/02/2023 / 15h39

    C’est vraiment désespérant et ça ne bouge pas beaucoup, à croire que tout le monde s’en fou !

    • Libres jugements 17/02/2023 / 17h13

      Bonjour Anne et merci pour ton commentaire.
      Dans l’esprit du gouvernement faire des habitations à loyer modéré correspond à l’idée d’entasser des émigrés. Il est vrai aussi que dans le même temps les propriétaires d’appartements locatifs ne sont pas incités à aménager leurs biens pour la plupart d’entre eux. D’autre part et notamment dans les grandes villes, les propriétaires sont plus enclins à faire de la location passagère – ubérisation – plus rentable financièrement que de louer à l’année avec un locataire quelquefois insolvable.
      Mais cela, je te l’accorde, ne résous pas le problème de milliers de gens qui voudraient disposer d’un logement décent.
      Amitiés
      Michel

  2. bernarddominik 17/02/2023 / 17h00

    Il y a un problème en France: des associations introduisent en France des étrangers et les laissent sur le carreau. Il devrait y avoir une notion de responsabilité les concernant. Car la plupart des sdf sont des immigrés illégaux donc qui passent au travers de l’aide sociale.

    • Libres jugements 17/02/2023 / 17h15

      Désolé tout faux, il n’est pas bon de se morfondre dans son coin…
      Ah, cette ambiance brunâtre se répandant des Bouches-du-Rhône, au Var et Alpes-Maritimes…

  3. Anne-Marie 18/02/2023 / 19h17

    Des sans abri en France, vraiment ? Faut être gonflé !

    • Libres jugements 18/02/2023 / 21h05

      Merci, Anne-Marie, de nous suivre de Belgique et de poster des commentaires sur ce blog.
      Amitiés
      Michel

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