Fin août 2022, au terme d’une journée passée à suivre Élisabeth Borne à la trace, « Quotidien » signait un reportage d’anthologie : « vous carburez à quoi ? » ; « y a pas des graines ? » ; « [Olivier Véran] a la même passion que vous, la vapote » ; « rien ne vous échappe », etc. L’expérience a inspiré Le Parisien (10/02), qui a relevé le défi… en passant « 48 heures avec Élisabeth Borne ».
Aux grands reportages, les grands moyens ! Pour que le « journalisme de terrain » donne toute sa mesure, Le Parisien a mobilisé la Une en plus d’une double page.

C’est que le contenu n’en méritait pas moins :
Pendant deux jours, Élisabeth Borne a accepté d’être suivie dans son quotidien à Matignon. On la dit « techno », parfois « distante », « inflexible ». Certes, la Première ministre n’est pas du genre à s’embarquer dans les grandes envolées comme son prédécesseur, Jean Castex. Mais devant les siens, sourire en coin, elle soigne ses reparties. Rien ne lui échappe.
On la dit cash.
« Rien ne lui échappe » : comme « Quotidien », Le Parisien reprend la formule obséquieuse. Et comme « Quotidien », le journal de Bernard Arnault enchaîne les anecdotes passionnantes : Début de la journée marathon, qui commence aux premières heures par le traditionnel petit-déjeuner de la majorité avec tous les chapeaux à plume de la macronie.
Et quelques heures plus tard : « Il est déjà midi passé. Un plateau-repas frugal expédié dans son bureau (une quiche et du comté) ».
Discutant avec son « staff », « elle dodeline de la tête, se lève pour attraper une bouteille de Coca qu’elle boit au goulot, puis se rassied ».
Passionnant, on vous dit.
Mais le pire est encore à venir.
En l’espèce, une colonne titrée « Ses petites manies ». Attention, le prix Albert-Londres n’est pas loin : « Parmi ses habitudes, celle d’écrire toujours avec un stylo quatre couleurs. »
Mais encore ?
Et des péchés mignons, pour tenir les longues journées de travail : des biscuits, des bonbons chocolatés et caramélisés, avec un verre de soda… ou de sirop d’orgeat.
Sans parler de sa vapoteuse fétiche au goût menthol que cette ancienne fumeuse, qui a arrêté en 2014, ne lâche jamais.
Journalisme, j’écris ton nom.
Maxime Friot, Acrimed. Source (Rappel lecture libre)