DILCRAH !

La lutte contre les discriminations sommée de faire sa transition

Le conseil scientifique de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a été dissous fin janvier sur décision du cabinet d’Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. C’est une rupture qui couvait depuis quelques mois, autour des questions de transidentité et de liberté d’expression.

Fondé en 2016 et présidé par le sociologue Smaïn Laacher, ce conseil constitué d’universitaires n’avait pas de pouvoir décisionnel, mais avait pour mission « d’irriguer par ses recommandations » les politiques publiques mises en place par la structure. Consacrée au départ à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, la Dilcrah s’est ouverte depuis 2019 à celle contre la haine anti-LGBT, d’où l’ajout du h.

De nouveaux chercheurs spécialistes des questions LGBT sont arrivés au conseil scientifique à cette occasion, avec un engagement et une culture parfois différents de ceux des spécialistes de l’antisémitisme et du racisme.

Parmi les points de friction, une enquête publiée par Médiapart, qui révèle l’appartenance du président du conseil scientifique, Smaïn Laacher, à l’Observatoire de la petite sirène, fondé par Céline Masson et Caroline Eliacheff, deux psychanalystes autrices de La Fabrique de l’enfant ­transgenre, qui souhaitent alerter sur la médicalisation des enfants trans.

Un positionnement qui leur vaut d’être qualifiées de « transphobes ».

Face à la proposition d’inviter des membres de l’Observatoire de la petite sirène au sein de la Dilcrah pour débattre, une des membres de la Dilcrah, la sociologue Karine Espineira, autrice de plusieurs ouvrages sur les transidentités, s’insurge et quitte, en mai dernier, le conseil scientifique en dénonçant, sur Twitter, des « dysfonctionnements ». À la suite de la polémique, Smaïn Laacher quitte de son côté l’Observatoire de la petite sirène. « Nous assistons à une dangereuse dégradation du débat public »

L’affaire prend encore plus d’ampleur.

En septembre, la préfète déléguée à la Dilcrah, Sophie Élizéon, saisit le procureur au titre de l’article 40, considérant qu’un des guides de l’Observatoire de la petite sirène pourrait s’apparenter à une thérapie de conversion, interdite par la loi. Le parquet a classé sans suite.

Au même moment, Céline Masson et Caroline Eliacheff ont été empêchées d’intervenir à plusieurs reprises lors de débats (à la mairie de Paris Centre ou encore à Bruxelles), face aux interventions de transactivistes. Pour les soutenir, Smaïn Laacher publie, début décembre, un communiqué de presse : « Nous assistons depuis quelques années, en France, à une dangereuse dégradation du débat public, entre autres sur des thématiques relevant des domaines de compétences du conseil scientifique de la Dilcrah. […]

« Nous, membres du conseil scientifique de la Dilcrah, condamnons fermement toute entrave à la liberté d’expression et de réunion, d’où qu’elle vienne. » Le communiqué est signé par 12 membres du conseil scientifique, qui en compte 35. « Je suis ulcéré par la conduite fasciste de certains transactivistes », précise-t-il clans une interview au Monde.

La Dilcrah se désolidarise immédiatement de ce communiqué sur son compte Twitter. Quelques semaines plus tard, le couperet tombe : le conseil est dissous.

Un bon connaisseur du dossier souligne toutefois qu’il ne faudrait pas plaquer sur cette polémique une lecture manichéenne : opposition entre partisans du débat et les autres.

« La Dilcrah n’est pas devenue wokiste ! » assure-t-il. La décision de dissoudre donne en tout cas une ampleur démesurée à cette polémique et donne raison à ceux qui déplorent qu’apporter une parole critique sur le transactivisme soit devenu impossible.


Laure Daussy. Charlie hebdo. 15/02/2022


2 réflexions sur “DILCRAH !

  1. bernarddominik 15/02/2023 / 16:10

    Toutes ces officines servent surtout à distribuer des prébendes, ils en ferment une et en ouvriront deux autres. Notre république est remplie de ces parasites qui publient des études que personne ne lit.

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