… avec la question : « pour quelle utilisation ?
L’angoisse est aussi existentielle qu’ancienne : Platon craignait que l’écriture ne menace la pratique philosophique, car les hommes mobiliseront « les empreintes étrangères» et non plus « le fond d’eux-mêmes» pour se souvenir.
Avec la démocratisation à vitesse grand V des intelligences artificielles, la peur ressurgit. ChatGPT, adossé à Microsoft, va-t-il remplacer des métiers tout entiers?
À peine a-t-on le temps de prendre la mesure de l’hypothétique déflagration que Google surenchérit déjà. Le 6 février, Sundar Pichai, le patron de l’entreprise, a annoncé le lancement prochain de Bard, rival annoncé de ChatGPT.
Objectif, à l’issue d’une phase de test : l’intégrer au moteur de recherche, qui fête ses 25 ans en 2023, et « distiller des informations complexes dans des formats faciles à digérer ». Si pour les géants du secteur l’enjeu est hautement stratégique (Google a licencié douze mille salariés en janvier; Microsoft, dix mille), pour le grand public, il réside ailleurs, dans notre accès collectif à l’information. Qui pourrait bien se retrouver chamboulé par ces nouveaux outils.
Il s’agit de « donner du pouvoir aux individus », a défendu le vice-président de Google lors d’une conférence parisienne, où l’adjectif « responsable » a souvent été prononcé. À condition de ne pas induire les utilisateurs en erreur.
Alors que ChatGPT est pointé du doigt pour l’assurance avec laquelle il suggère des réponses erronées, la première présentation publique de Bard s’est soldée par une erreur factuelle à une question sur les découvertes du télescope James-Webb.
De quoi garder la tête froide face à ces innovations : faire avec, oui. À notre place, probablement pas
Olivier Tesquet. Télérama. N° 3814 – 15/02/2023
L’IA est dépendante d’une base de connaissances, il suffit d’un lien erroné, de données fausses, comme il n’y a pas d’autocritique pour contrôler, le résultat peut être n’importe quoi.
Donc ???