IA déclenche une bataille commerciale

IA, c’est un combat que personne n’attendait, surtout sur ce terrain, appelée à débarquer très bientôt dans nos moteurs de recherche, nos smartphones — et probablement à transformer internet.

Microsoft et Google vont s’affronter sur le terrain de l’intelligence artificielle (IA), comme en témoigne la pluie d’annonces de cette semaine.

Lundi (06/02/2023), Google annonçait la sortie prochaine de Bard, une IA appelée à se greffer sur son moteur de recherche pour fournir des réponses sur-mesure aux internautes. Le lendemain, Microsoft officialisait un secret de polichinelle : l’intégration d’une version améliorée de ChatGPT dans son moteur de recherche Bing.

« La course commence aujourd’hui », avait lâché le patron de Microsoft, Satya Nadella. En réalité, cela fait déjà plusieurs mois qu’elle est engagée. Et même quatre ans, si on remonte au premier milliard de dollars investi par le géant de Redmond dans OpenAI, petite start-up occupée à l’époque au développement d’un « modèle de langue ».

Chez Microsoft, de l’IA à tous les étages

La suite a fait les gros titres. Le 30 novembre 2022, OpenAI dévoilait ChatGPT, un robot con­versationnel capable de répon­dre à n’importe quelle question.

Moins de deux mois plus tard, le service comptait 100 millions d’utilisateurs. De quoi inciter Microsoft à dérouler le tapis rouge à la start-up (un chèque de dix milliards aurait été signé), et annoncer l’intégration de l’IA dans tous ses produits son moteur de recherche Bing en tête.

Pour le géant de Redmond, c’est clairement l’heure de la revanche. Microsoft n’a jamais réussi qu’à faire de la figuration sur le marché de la recherche. Bing n’a jamais dépassé les 10 0/0, quand Google caracole entre 80 % et 90 % de parts de marché depuis une quinzaine d’années.

Google sur la défensive, son modèle menacé

Google travaille depuis longtemps sur plusieurs projets similaires à ChatGPT, et bien d’autres liés à l’IA. Loin du discours conquérant de Microsoft, la firme de Mountain View semble pourtant avancer à reculons. Conclusion de cette folle semaine : sa conférence « Live in Paris », durant laquelle l’entreprise a présenté mercredi ses dernières innovations, en a laissé beaucoup sur leur faim. Confirmation de Bard, nouvelles fonctionnalités pour Lens, Maps ou Translate, insistance sur la « responsabilité » de l’entreprise avant de proposer de nouveaux produits…

Il faut dire que Google marche sur des œufs. La recherche et les publicités associées est le cœur de son modèle économique. Y toucher, c’est prendre le risque de le voir s’effondrer. Et ce n’est pas un petit changement que Microsoft, sous peine de paraître totalement dépassé, lui impose.

L’irruption de l’IA rebat toutes les cartes de la recherche et du référencement, telles qu’on les connaît depuis quinze ans (et qui ont largement été définies par Google). Si Bard ou ChatGPT fournissent la réponse aux interrogations les plus complexes, qui ira encore parcourir des listes de liens ? Et surtout, quel annonceur paiera encore pour y figurer ?

Autant de questions qui se poseront aussi à Microsoft. Mais ce dernier, qui tire l’essentiel de ses revenus du cloud et des services aux professionnels, n’a pas grand-chose à perdre dans l’aventure – et tout à y gagner.

« Code rouge » chez Google

Confronté à la menace ChatGPT, Google réduit la voilure redéfinit ses priorités et mobilise ses troupes.

Fin décembre, on apprenait que le patron d’Alphabet, Sundar Pichai, avait déclenché un « code rouge » : l’IA est désormais prioritaire au sein de l’entreprise. Ses cofondateurs, Larry Page et Sergueï Brin, ont été rappelés afin de définir une nouvelle stratégie. Selon le New York Times, une vingtaine de projets liés à l’IA seraient dans les tuyaux chez Google.

Un aperçu en a été donné mercredi (08/02/2023), avec la présentation depuis Paris des dernières innovations de l’entreprise : recherches à partir d’images ou de vidéos, vues immersives, cartes en 3D, traductions améliorées.

D’autres seront probablement présentées en mai, lors de la conférence annuelle Google I/O. Il faut aussi s’attendre à des annonces en matière d’IA « générative ». Fin janvier, Google a donné un aperçu des possibilités de MusicLM, capable de composer un morceau à partir d’indications textuelles.

L’IA est le nouvel eldorado. Et personne ne souhaite rester à quai.

Le géant chinois Baidu a d’ailleurs annoncé lui aussi cette semaine son propre chatbot, dont la version internationale sera baptisée Ernie.


Jean-Michel Lahire. Le Dauphiné Libéré. 12/02/2023


7 réflexions sur “IA déclenche une bataille commerciale

  1. bernarddominik 13/02/2023 / 11h18

    Perso je trouve que le mot intelligence associé à ordinateur ça ne va pas ensemble. L’ordinateur est prisonnier de ses algorithmes. Un exemple frappant ce sont les serveurs vocaux des assureurs banquiers…etc Ils sont sensés comprendre une demande orale et nous orienter vers le bon service, quand ils comprennent. Une vraie nasse où on est prisonnier des choix possibles prévus.

  2. christinenovalarue 13/02/2023 / 11h25

    Question, l’intelligence artificielle va-t-elle améliorer ma vie ? Réponse, j’en doute…

    • Libres jugements 13/02/2023 / 11h33

      Pour répondre à ta question Christine, non l’intelligence artificielle (IA) ne va pas directement améliorer ta vie, notre vie et peut-être même la compliquera-t-elle, nous rendra tellement dépendant que nous avons, que nous devons, avoir quelques craintes à son développement… mais je suppose qu’il en est, était de même avec la robotisation lors de son intronisation.
      Le drame va se situer au niveau de la valorisation du travail, déjà déclinant avec la robotisation, le professionnalisme va se cantonner à quelques emplois consacrés à l’artisanat et les autres deviendront sans gratification. L’ensemble permettant de baisser les coûts de production, en diminuant une nouvelle fois, le nombre et la rémunération de l’emploi non professionnel.
      Amitiés
      Michel

  3. w 13/02/2023 / 12h15

    Bonjour Michel, deux réflexions sur cet article :

    1) j’ai l’impression d’avoir lu ( mot pour mot ) la plus grande partie de cet article hier, dans un journal local . Ce qui est surprenant ! Alors qui a fait la copie ? Mon journal local ou Le Dauphiné Libéré ? Je pense qu’on ne le saura jamais …

    2) On fait grand bruit actuellement de cette affaire d’Intelligence Artificielle, mais prendra-t-elle effectivement toute l’importance qu’on veut lui donner ? Rien n’est moins sûr ! On a déjà eu plusieurs exemples dans le passé …

    Salutations.
    Walter

    • Libres jugements 13/02/2023 / 12h21

      Bonjour et merci Walter pour ce commentaire. Pour répondre à ta première question est induit une réponse ou plutôt une question, l’article a-t-il été écrit par le logiciel chatGT (IA) j’ai expédié aux différents quotidiens… d’un autre côté est-ce que ton journal local et certains journaux locaux – régionaux ont-ils différents propriétaires ou pas ?
      Pour répondre à ta seconde question, je vais puiser dans mon expérience professionnelle. J’ai commencé ma vie à 15 ans et demi en apprentissage-étude. D’une part, École « Estienne »et d’autre part, une des antennes de l’ex-revue illustration (passé SNEP après la guerre), la photogravure.
      À l’époque en 1956 – oui, c’est loin, mais c’était hier ! – les méthodes de reproduction de l’image pour l’imprimerie restait à l’époque de Nicéphore Niepce. Puis arriva le progrès, quelques scanners, des agrandisseurs avec des écrans sélectifs plus « sélectifs » puis dès les années 75, les «PC» qui ont amorcé la mort de bon nombre de spécialités intra-photogravure. Pour autant, l’impression pour le commun des mortels n’a jamais changé, mais nombre de métiers dans l’imprimerie ont disparu.
      Alors pour répondre à l’avènement de cette IA, je suis bien vieux pour en voir le développement futur, cependant je plains notre génération d’enfants qui vont devoir vivre avec ses directives hautement pensées par des cerveaux électroniques.
      Amitiés
      Michel

      • W 13/02/2023 / 15h21

        – Mon journal local appartient à une banque ( la CMDP ). Et cela ne nous donnera pas d’indications sur l’origine première de l’article . Il est tout à fait possible qu’un journal se fournisse en infos chez un concurrent. En tous cas, l’article ci-dessus m’a surpris par sa ressemblance avec ce que j’ai lu hier dans mon journal …
        – Pour la deuxième question je dirais que cette propagande autour de l’Intelligence Artificielle mérite que l’on prenne un peu de recul, et qu’on attende de voir quel sera son véritable impact sur les utilisateurs d’internet …
        Walter

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