… qui sent si bon l’air de l’océan
Il en est encore pour croire que l’État est impartial. Qu’il gère au mieux les intérêts, forcément contradictoires, du citoyen.
Les pauvres.
Dans le si vaste domaine de l’agriculture, il est un pacte non avoué entre l’industrie (notamment agrochimique), la FNSEA, (dont tant de coopératives agricoles et de chambres d’agriculture), le ministère de l’Agriculture et beaucoup de ses services.
Dernier exemple en date, mais il en existe chaque jour, celui de la porcherie Avel Vor, â Landunvez (Finistère).
Côté pile, le portail de la mairie (landunvez.fr) : deux robustes chevaux sur une prairie dominant l’Atlantique, et un beau trois-mâts glissant sur les eaux. Et côté face, l’industriel du cochon Philippe Bizien, l’intouchable président d’Evel’Up (3,6 millions de porcs « produits » en 2021), patron pendant dix ans du grand lobby du comité régional porcin.
L’eau surchargée d’ammoniac et de bactéries va droit à la mer
En 2015, Bizien demande un agrandissement de sa « ferme » personnelle de Landunvez. Il veut y « élever » 27 000 porcs, quand la moyenne des autres porcheries atteint 1 500 animaux.
Enquête publique, avis défavorable, mais le préfet donne pourtant une autorisation scélérate.
Aussitôt attaquée par des associations, au premier rang desquelles les amis d’Eau et rivières de Bretagne (eau-et-rivieres.org). Deux décisions de justice leur donnent raison, mais le préfet s’en tape bien et régularise avant de lancer une nouvelle étude publique, cette fois miraculeusement favorable.
Le préfet signe en novembre dernier une belle et bonne autorisation d’agrandissement.
Le nom de la porcherie « Avel Vor » signifie en breton « le vent de la mer ».
L’eau des ruisseaux autour d’elle va droit â la mer, surchargée d’ammoniac et de bactéries, empêchant régulièrement baignade et surf. Et ne parlons pas du reste, dont les odeurs, qui imprègnent jusqu’aux draps laissés dehors.
La seule bonne nouvelle, c’est qu’un collectif a décidé de relever le gant. Des centaines de personnes (800) ont déposé plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais la justice coûte cher, et il faut réunir 14 000 euros pour espérer mener le combat jusqu’au bout.
Il faut et il suffit de donner ici : eau-et-rivieres.org/landunvez. C’est fait ?
Fabrice Nicolino. Charlie hebdo. 08/02/2023