… la double, voire triple peine !
À 64 ans, Ivan vient d’être radié de Pôle emploi pour « insuffisance d’actions en vue de retrouver un emploi ». […]
Sa carrière professionnelle est un « parcours haché » au cours duquelil a été dessinateur industriel puis technico-commercial. « J’ai eu quelques bonnes années et ensuite, ça a été la catastrophe. J’ai rarement eu de la chance… », soupire Ivan.
Il va devoir rester inscrit à Pôle emploi jusqu’à 67 ans, car il bénéficie du maintien des allocations-chômage jusqu’à la retraite, accordé sous conditions aux 62 ans et plus qui n’ont pas le nombre de trimestres pour une retraite à taux plein.
Une fois retraité, Ivan percevra environ 700 euros par mois de pension. […] Les périodes d’indemnisation chômage sont en effet comptabilisées par l’assurance-vieillesse. Cinquante jours de chômage indemnisés comptent pour un trimestre, dans la limite de quatre par an. Les radiations, qui suspendent les versements, ont donc un impact non négligeable. Et si Ivan est encore sanctionné, la sanction sera plus sévère : deux mois de privation de ressources, puis quatre en cas de nouveau « manquement » à ses obligations.
Il va donc devoir continuer à démontrer qu’il est en recherche « effective et permanente » d’un emploi. Jusqu’à ses 67 ans. […] Les difficultés du retour à l’emploi pour les seniors sont aujourd’hui amplement documentées. […]
Sous prétexte de vouloir remotiver leur recherche d’emploi, on fait diminuer le nombre de seniors âgés, en les acculant à une retraite minorée.
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Rien de coercitif dans le projet de loi
En France, le taux d’emploi des seniors est de 56 %, selon les derniers chiffres du ministère du travail. Il est au plus haut depuis 1975 mais reste de quatre points inférieur à celui de la moyenne de l’Union européenne (60,5 %). Et le gouvernement, qui veut voir les seniors travailler encore plus longtemps, ne propose pas grand-chose pour y remédier.
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En revanche, les seniors, déjà à la peine pour retrouver du travail, ne sont pas épargnés par la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, entrée en vigueur le 1er février 2023. Elle réduit de 25 % la durée d’indemnisation. Les plus de 55 ans, qui bénéficiaient de trente-six mois maximum de droits, voient désormais leur capital amputé de neuf mois. Mais ils devront, peut-être, travailler deux ans de plus.
Cécile Hautefeuille. Médiapart. Source (courts extraits)
C’est un vrai problème. Notre société a créé de fausses valeurs sensées remplacer l’expérience et l’amélioration des compétences due à la pratique. Mais nous le payons car notre pays a perdu beaucoup de savoir faire et donc beaucoup de marchés.