Éolien danois

Un « entrefilet » daté du 07/02/2023, lu dans « Le Courrier Int. » attire notre attention…


Coup d’arrêt “sans précédent” dans le secteur éolien au Danemark

La nouvelle a créé une onde de choc au Danemark. Dans un bref communiqué publié lundi 6 février (en danois), la Direction de l’énergie, l’agence publique chargée de ce domaine, a annoncé “suspendre” jusqu’à nouvel ordre le traitement de tout nouveau projet de création de champs d’éoliennes en mer dans le cadre d’un régime particulier, dit “de la porte ouverte”. Au total sont concernés “plus de 30 projets qui pourraient aller jusqu’à multiplier par dix” la capacité actuelle des éoliennes déjà construites au Danemark (2,3 gigawatts), précise le quotidien Berlingske.

Sitôt l’annonce faite, les professionnels du secteur, florissant au Danemark – un des leaders mondiaux de l’éolien –, sont montés au créneau pour la dénoncer. “C’est sans précédent. Le gouvernement claque soudain la porte de la transition écologique, provoquant une onde de choc dans l’ensemble du secteur des énergies vertes”, lance par exemple Kristian Jensen, chef du groupement d’intérêts Green Power Denmark, cité par le même journal.


Source (Extraits)

Quelques explications dans un article daté du 24 Oct 2011

Le Danemark est souvent présenté en France comme le paradis de l’énergie éolienne.

Ce pays a en effet été un pionnier dans la production d’électricité éolienne, qui y a été développée dès le début des années 2000. Il en a tiré un avantage industriel : les fabricants danois de turbines ont une longueur d’avance sur les autres, et exportent bien ces produits.

Un examen plus attentif, cependant, conduit à tempérer cet enthousiasme.


Le tableau suivant présente la production d’électricité selon les sources en 2008 (dernière année pour laquelle existent des statistiques disponibles). 

(ndlr : la deuxième colonne indique le pourcentage par rapport au total de la production, la troisième le pourcentage par rapport au total disponible, après prise en compte des importations/exportations d’électricité).


1) La part de l’éolien dans la production d’électricité est de 19% au Danemark. C’est plus que nulle part ailleurs, et notamment qu’en Espagne (15%) et qu’en Allemagne (6%). Mais cela reste faible. Dans le pays le plus éolien du globe, le vent assure moins du cinquième des besoins en électricité du pays. Et cette part n’augmente plus depuis 200

2) Deuxième point, que montre bien le tableau 1, est que l’électricité danoise est une électricité très polluante – malgré l’éolien, ou plutôt à cause de l’éolien. Elle est en effet principalement produite à partir de charbon, dont la combustion rejette beaucoup de CO2, et aussi de particules et d’oxyde d’azote. La deuxième source d’électricité est le gaz danois de la mer du Nord. Le gaz rejette moins de CO2 que le charbon, mais en rejette tout de même beaucoup lui aussi. Au total, quatre fois plus de CO2 par KWh que la France. Bien la peine de tenir à Copenhague la conférence que l’on sait sur la nécessité absolue de réduire drastiquement les rejets de CO2 !

3) Troisièmement, le « succès » éolien du Danemark a un coût, et un prix. L’électricité éolienne ne s’y est développée que parce qu’elle était lourdement subventionnée au moyen de prix d’achats forcés élevés, comme en France et ailleurs en Europe du reste. Le résultat est que les consommateurs danois payent l’électricité plus cher que nulle part ailleurs en Europe, et même dans le monde, si l’on en croit les données de l’Agence Internationale de l’Energie : 0,25/KWh, deux fois et demie plus cher qu’en France.

4) Quatrième point est le plus important. L’inconvénient principal de l’énergie éolienne, outre son coût, est son intermittence. Le vent souffle quand il veut, s’arrête, repart. On a donc trop d’électricité éolienne à certains moments, et pas assez à d’autres moments. Ce caractère stochastique de l’éolien soumet le système de production à de véritables chocs, d’autant plus difficiles à gérer que la part de l’éolien est grande. L’intermittence de l’éolien impose ainsi une limite finalement assez basse à la part de cette énergie dans le bouquet électrique.

Comment gère-t-on au Danemark les problèmes causés par cette intermittence?

En important et en exportant de l’électricité de/vers l’Allemagne, la Suède et la Norvège, avec lesquels le Danemark est très bien relié par de gros câbles. La part des exportations et des importations, ainsi que le montre le tableau 1, qui dépasse 30%, y est considérable. […]

Ceux qui veulent importer, et dépasser, le « modèle » danois, et qui rêvent d’une France produisant la moitié de son électricité avec des éoliennes, feraient bien de méditer les enseignements de l’expérience danoise. L’enfer aussi est pavé de bonnes intentions.

Remy Prud’homme. Source (extraits) https://energie.lexpansion.com/energies-renouvelables/eolien-les-limites-du-modele-danois_a-33-6582.html

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