… pépinades, vues par les médias, pas drôle l’info biaisée.
- « Un coup dur pour les producteurs », alerte France 3.
- « La France se plie à une décision de justice européenne, relaie TF1. Nos producteurs de betterave sucrière ne pourront plus utiliser les néonicotinoïdes, cet insecticide controversé ». Pour ne pas dire neurotoxique.
- Les dérogations accordées par le gouvernement français, « c’est terminé », déplore Marie-Sophie Lacarrau au 13 heures.
- Un reporter rappelle: « Les betteraves fournissent le sucre que l’on trouve dans les boissons, les confiseries, les biscuits… Bref la betterave, on en consomme tous les jours. »
- Un agriculteur confirme: « Y a du sucre partout. » Et du diabète en pagaille. « Mais la culture nécessite l’utilisation d’un pesticide, le néonicotinoïde. » Nécessite, vraiment?
- Aucun doute pour Bérengère Chombart : « Y a des agriculteurs qui seront obligés de semer à perte. » TF1 ne précise pas que cette « agricultrice » est aussi dirigeante de la FDSEA (branche de la très productiviste FNSEA) et adhérente à la CGB (Confédération générale des planteurs de betterave), le lobby betteravier.
- D’accord avec elle, Guillaume Wullens, lui aussi présenté comme simple « agriculteur »… alors qu’il préside la puissante CGB.
- De son côté, France 3 interroge un banal « producteur de betteraves »… membre de la FDSEA et de la CGB: « C’est un savoir-faire qu’on perd. » Le savoir-faire des semences enrobées d’insecticide. « Sans ce traitement, on a une prise de risque trop importante », prévient sur France 2 un autre « producteur de betteraves »… lui aussi adhérent de la FDSEA et de la CGB.
- En revanche, quand un opposant, Nicolas Girod, déclare : « Le sens de l’histoire, c’est de se passer des néonicotinoïdes », il n’est plus présenté comme « agriculteur » mais comme « porte-parole de la Confédération paysanne ».
- Sur BFM Business, le présentateur demande à la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert : « Vous l’attribuez à quoi, cette décision européenne? — Il y a eu des pressions de tous ordres… — Des lobbies écologiques? — Oui, certainement. » Résumons: les adversaires des néonicotinoïdes sont des « lobbyistes », ses partisans des « agriculteurs ».
Si les chaînes s’émeuvent de la jaunisse véhiculée par des pucerons, elles ne mentionnent jamais la fin des quotas de production et des prix garantis, en 2017. Les cultivateurs sont alors entrés dans une course au rendement entraînant une surproduction et un effondrement des prix. Dans ces conditions, le moindre pépin biologique ou climatique devient synonyme de vente à perte.
- Sur France 5, dans C à vous, Patrick Cohen reprend fidèlement les arguments de la filière. « Les cultivateurs font remarquer que, contrairement au colza ou au tournesol, les betteraves n’arrivent pas à floraison, elles sont récoltées avant. » Cela n’empêche pas les néonicotinoïdes de se répandre dans les parcelles voisines, où les abeilles viennent butiner les fleurs. L’éditorialiste termine sa démonstration par la photo d’« un chien avec néonicotinoïdes puisque c’est le principe actif de son collier anti-puces. Le produit n’est interdit que pour les agriculteurs, va comprendre, Charles ! »
Je comprends, Patrick, que le chien n’a pas encore fait ses preuves comme pollinisateur.
- Patrick Cohen relève que la betterave « ne produit pas seulement du sucre mais aussi de l’éthanol pour nos voitures à essence ».
- Coïncidence, sur TF1, Gilles Bouleau vante « un carburant bien moins cher qui connaît un succès fulgurant, le superéthanol ». Un succès auquel les télés ne sont pas étrangères. L’an dernier, face à la hausse du gasoil et de l’essence, toutes se prennent à vanter ce qu’elles nomment aussi « bioéthanol » — qui n’a de bio que le nom.
- Un an plus tard, sur France 2, Anne-Sophie Lapix s’inquiète: « De nombreux automobilistes l’ont adopté mais son prix a bondi de près de 50% en un an. » En cause, « un engouement et une demande supérieure à l’offre. Mais aussi des coûts de l’énergie en hausse pour les agriculteurs qui produisent betteraves et céréales permettant de fabriquer l’éthanol ».
Gourmande en pesticides, la culture industrielle de la betterave l’est aussi en énergie fossile (engrais azotés, gasoil des machines agricoles). Et quand elle sert à fabriquer du carburant, c’est au détriment de cultures alimentaires.
Des éléments rarement mis en valeur par les « agriculteurs »
Samuel Gontier – Chronique ma vie au poste – Télérama. N°3812. 01/02/2023
Donc, si je comprends bien ce qui est dit dans cet article, les betteraves ne poussaient pas dans les champs avant la découverte des néonicotinoïdes dans les années 1990 … ! Surprenant !
Pourtant, je me souviens avoir vu en ~ 1975 un agriculteur récolter mécaniquement de pleines remorques de betteraves sucrières, juste à côté de chez moi …
Après avoir lu et relu attentivement l’article cité, je ne vois aucunement mentionné une culture betteravière hors champ.
Amitiés
Michel