… déterminée, affirme-t-elle, c’est peut-être là (surement là) le point d’achoppement, ce passage en force d’une mauvaise réforme…
Les sondages accablent le gouvernement d’Elisabeth Borne. Les oppositions ont gagné la bataille de l’opinion sur la réforme des retraites. Dans la majorité, c’est la remise en question avant la deuxième journée de mobilisation et l’examen à l’Assemblée.
Le sondage Elabe publié mercredi 25/01/2023, attestant que les Français étaient de plus en plus nombreux à rejeter la réforme des retraites, a eu l’effet d’une bombe au sein de l’exécutif.
La première ministre a beaucoup consulté. Élisabeth Borne est en première ligne sur cette réforme, qualifiée de « mère des réformes » par toute la macronie. Elle s’est investie, [à donné ses ordres et decisions aux syndicats, manière à elle de parler de concertations]. Elle a même convaincu le président de repousser son annonce d’un mois, pour peaufiner tous les détails, trouver les angles morts, et proposer un texte « juste ».
La « justice de la réforme » a été mise en avant. Élisabeth Borne, qui vient de la gauche, y tient. « On a mis beaucoup de temps pour être sûrs d’avoir un bon projet », répète-t-elle à ses visiteurs. C’est pour cela que l’âge légal de départ en retraite est 64 ans et non pas 65. Elle est convaincue que si la réforme avait été présentée à l’automne, comme certains le voulaient, elle aurait été moins juste. Elle dit d’ailleurs « aussi juste », pour bien insister sur cet item, capital pour elle.
Seulement voilà.
Une semaine après les manifestations très importantes contre la réforme, le sondage Elabe vient ébranler ses certitudes. Il est sévère : 72% des Français sont opposés à la réforme, soit six points de plus en une semaine et 13 points en deux semaines.
Le message est limpide et parvient comme tel à Matignon et à l’Élysée : la réforme est « peut-être juste [selon la vision gouvernementale] », mais les Français ne le comprennent pas ainsi.
« Ce qui est juste n’est pas vu comme juste. Le premier sujet c’est donc de démontrer la nécessité de la réforme », reconnaît Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance (majorité présidentielle) à l’Assemblée nationale.
« Il ne faut pas laisser croire qu’il n’y a pas d’effort à faire. Cette réforme demande des efforts », assume Marc Ferracci, l’un des députés Renaissance qui connaît bien le dossier. Il enrage contre « la pure manipulation » des oppositions qui [re]prennent les déclarations du président du conseil d’orientation des retraites et qui les sortent de leur contexte.
Une réforme aussi difficile que celles des retraites, c’est aussi de la communication.
L’exécutif a perdu la première manche ; beaucoup au sein même du pouvoir le reconnaissent.
Comment fait-on maintenant ?
« Les revirements en termes de communication gagneraient à être évités », prévient Marc Ferracci. Des millions de personnes ont défilé dans la rue le 19 janvier 2023 et s’apprêtent à recommencer ce mardi.
À l’Élysée et à Matignon, on sait déjà qu’il y aura du monde.
« Si on est prêt à affronter l’impopularité, c’est que cette réforme est nécessaire », assume Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée. « Le principe de la réforme c’est que l’on va travailler plus. Il faut prendre conscience de ce que cela va générer ».
Élisabeth Borne, toujours aussi déterminée à donner le ton devant les parlementaires de la majorité cette semaine. « Nous allons vers le gros temps. Nous n’y allons pas par plaisir, mais par responsabilité, pour le pays. »
Le ton a changé.
La nécessité passe avant la justice. « Dans une réforme, il faut un narratif collectif », observe Marc Ferracci. « Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, nous nous battons pour plus de souveraineté, énergétique, alimentaire, économique, financière, etc. On n’atteindra jamais cette souveraineté si on n’est pas plus nombreux à travailler plus longtemps ».
Il ne fait guère de doute que la réforme sera votée.
Avec ou sans les députés LR Avec ou sans blocage dans le pays. Car l’exécutif craint moins les manifestations que les blocages. « Il va falloir traiter ça avec doigté et c’est là qu’on peut se demander s’il y en a assez », ironise un habitué de Matignon et du Parlement.
Un autre problème récurrent de la Macronie.
Nathalie Mauret. Le Dauphiné Libéré. 29/01/2023
Tous les pays européens ont du réformer leur système de retraite à cause du rapport retraités/actifs qui s’accroît. Les français devront nécessairement arbitrer entre niveau de pensions et nombre d’années à travailler, il me paraît honteux de faire reporter sur les générations futures notre incapacité à financer notre système social. Et ce refus des français se payera très cher, on a d’ailleurs commencé à payer, le niveau de vie des français a baissé de 2 ou 3%, mais ceci est masqué au niveau du pib par l’envolée des cours de la bourse et des profits boursiers, qui n’avantage qu’une toute petite minorité. Avec des syndicats idiots on est mal parti.
Il n’y a pas de mystère tous les détenteurs de capitaux regardent là où ils pourront le mieux trouver les 2 paramètres du capital sécurité et profit. L’état français n’a plus de marges financières pour investir, c’est donc le capital privé qui assure les emplois l’équilibre global des comptes et le financement de notre modèle social. Donc si la France n’attire plus de capitaux c’est tout notre modèle social et sociétal qui s’écroule. Nous sommes dans un environnement capitaliste et donc il faut faire avec en essayant de ménager la chèvre et le choux. Pas facile, mais il n’y a pas d’échapatoire, car contrairement à la Russie de 1917 la France n’est pas un continent.