Xᵉ affaire Ma-Connerienne !

Le député Emmanuel Pellerin, visé en septembre dernier par une enquête en lien avec sa consommation de cocaïne…

… c’est un coup de fil qui risque de faire basculer l’affaire Pellerin dans une nouvelle dimension. Le député des Hauts-de-Seine Emmanuel Pellerin qui s’est retrouvé en septembre dernier au cœur d’une enquête judiciaire portant sur des faits liés à sa consommation de cocaïne, a été prévenu d’investigations judiciaires en cours, par Thierry Solère qui lui aurait dit la tenir du ministère de la Justice. Le conseiller politique du président de la République et Éric Dupond-Moretti démentent.

En octobre dernier, le député et avocat, qui fut membre de la commission « affaires publiques » du Conseil de l’ordre du barreau de Paris, a même affirmé, dans un courrier consulté par Médiapart, que l’information lui avait été confiée par une « source autorisée de l’exécutif », laquelle aurait été rancardée par la « Chancellerie », c’est-à-dire le ministère de la Justice. 

Le courrier est d’une précision chirurgicale sur la fuite. Le coup de téléphone lui a été passé le « 13 septembre 2022 », à « 23 h 07 », est-il écrit dans ce document à en-tête de l’Assemblée nationale. La date ne peut qu’interpeller : la veille, le 12 septembre, une des ex-femmes d’Emmanuel Pellerin était justement auditionnée par la brigade territoriale de protection de la famille (BPF) des Hauts-de-Seine dans le cadre d’une enquête, ouverte trois jours plus tôt, en lien avec la consommation de cocaïne du député.

Le dossier a été classé avec célérité, le 26 septembre, sans même que l’élu soit auditionné.

Interrogé par Médiapart, Emmanuel Pellerin a d’abord refusé de donner le nom de son informateur. Après plusieurs relances, le parlementaire a fini par livrer l’identité de sa fameuse « source autorisée de l’exécutif » : il s’agit de son ami d’enfance, Thierry Solère, actuel conseiller du président de la République Emmanuel Macron.

Emmanuel Pellerin assure avoir été prévenu sans en avoir fait la demande. Selon son récit, les informations qui lui ont été transmises portaient sur une enquête pour « harcèlement », en réalité inexistante, alors que des investigations, bien réelles celles-ci, venaient d’être ouvertes à Nanterre pour « provocation à l’usage de produits stupéfiants ».

Emmanuel Pellerin est formel sur l’origine de la fuite : « Je me rappelle très bien des mots “la Chancellerie” », déclare-t-il à Médiapart, avant d’insister : « C’est 23 heures et c’est la Chancellerie qui vient de l’appeler [Thierry Solère – ndlr], ça, j’en suis certain. » Des confidences confirmées par un courrier du mois d’octobre qui ne peuvent aujourd’hui que jeter le soupçon sur l’existence de manigances au sommet de l’État, dont le député ne semble même pas mesurer la gravité.

Les liens entre Emmanuel Pellerin et Thierry Solère ne sont pas que personnels. Ils sont également professionnels et politiques. Le premier a un temps été l’avocat du second, poursuivi dans le cadre d’une vaste enquête portant notamment sur des soupçons de détournements de fonds publics.

Début 2022, Thierry Solère a ensuite adoubé Emmanuel Pellerin pour qu’il soit investi à sa place par la majorité présidentielle dans sa circonscription des Hauts-de-Seine et prenne ainsi sa succession à l’Assemblée nationale.

Thierry Solère a par ailleurs déjà été mis en cause dans le passé pour avoir été le destinataire, par la Chancellerie, d’informations confidentielles sur une enquête judiciaire en cours.

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Pascale Pascariello et Antton Rouget. Médiapart. Source (Courts extraits)