Notation des aliments,

Un arbitrageprémâché ?

L’Ademe ferait-elle preuve de favoritisme dans la bataille de l’affichage environnemental ?

L’Agence (gouvernementale) de la transition écologique est chargée de statuer sur une note (de A à E) permettant d’évaluer l’impact écologique des aliments (émissions de CO2, consommation d’eau, conséquences sur la faune sauvage…). Apposée au côté du Nutri-Score, qui mesure la valeur nutritionnelle, celle-ci pourrait influencer des millions de consommateurs.

Or, entre l’Eco-Score et le Planet-Score, les deux principaux labels mis en compétition (et alors que rien ne sera décidé avant des années), l’Ademe semble fortement pencher pour le premier.

Son travail d’arbitre est épinglé dans le rapport, paru le 11 janvier 2023, de la mission d’application de la loi Climat et Résilience.

L’un de ses auteurs, Sylvain Carrière (LFI), y critique les « méthodes employées jusqu’à présent (par l’Agence) ».

Gare aux fausses notes

Surtout, « Le Canard » a pu consulter des courriers où des entreprises de la grande distribution affirment avoir été contactées par l’Ademe, entre mars et septembre 2022, pour les dissuader de faire évaluer leurs produits avec le Planet-Score, en leur expliquant que celui-ci pourrait être interdit par le gouvernement.

Autre bizarrerie, repérée par l’UFC-Que choisir et des associations environnementales : l’Eco-Score, développé par le cabinet de conseil Eco2 Initiative et l’appli mobile Yuka, est en réalité le nom officiel que le gouvernement comptait donner à la future notation (il l’a même déposé en 2020 !)

Coordinateur de l’affichage environnemental à l’Ademe, Vincent Colomb explique au « Canard » que l’Agence autorise l’« utilisation temporaire de la marque « Eco-Score » sur la base d’un cahier des charges et avant le lancement du dispositif officiel ». Quant aux affirmations de la grande distribution, il les récuse, ajoutant que « l’Ademe est en faveur des méthodologies les moins contestables d’un point de vue scientifique ». Bravo !

Justement : l’Eco-Score et le Planet-Score (proposé par l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques, et par un collectif d’associations) se fondent tous les deux sur « l’analyse du cycle de vie », qui comptabilise les émissions de gaz à effet de serre d’un produit depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la poubelle.

Un indicateur jugé insuffisant par Xavier Poux, chercheur associé à l’Institut du développement durable et des relations internationales : « Il ne prend pas suffisamment en compte les impacts sur la biodiversité. Il va favoriser des systèmes qui produisent beaucoup de nourriture avec peu de ressources. »

Plusieurs associations soulignent, elles, que le Planet-Score, lui, tient compte d’autres facteurs comme le bien-être animal, l’utilisation des pesticides et l’impact sur la biodiversité. Elles militent donc bruyamment pour ce label.

Encore du favoritisme ?


Ça l’affiche mal ! Adèle Hospital. Le Canard enchaîné. 25/01/2023


À se demander si le pifomètre, dans ses organismes d’attributions, n’est pas la meilleure notation ? MC


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