Les tergiversations françaises…

… de Macron face aux demandes ukrainiennes.

Dans la guerre menée par procuration contre Poutine, la tactique de Macron est-elle de tromper l’ennemi… ou l’ami ?


Le 22 janvier 2023, le président français, qui, main dans la main avec le chancelier Olaf Scholz, célébrait le 60e anniversaire du traité d’amitié franco-allemand, a dégoupillé, à propos de la livraison de nos chars Leclerc à l’Ukraine : « Rien n’est exclu. » Les Russes en tremblent déjà…

En réalité, il n’a jamais été question de céder un seul de nos fameux Leclerc. Et pour cause : notre parc de gros blindés est trop indigent. Sur les 406 chars livrés à l’armée française par Giat Industries au début des années 2000 (facture : 5,7 milliards d’euros), il ne nous en reste que 226, la plupart non opérationnels !

Impossible, en outre, d’en refabriquer : la France a fermé la chaîne de production depuis 2006. Après la chute du Mur, l’Hexagone, qui alignait jusqu’à 1 200 chars, a estimé que notre bombe atomique suffisait à dissuader quiconque de poser une chenille sur le sol gaulois.

L’invasion de l’Ukraine a rebattu les cartes.

La thèse d’« une guerre de haute intensité », soutenue par Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées, implique, estime ce dernier, un retour en force des chars et des canons. Emmanuel Macron a pulvérisé cette requête au mois de décembre, lors d’un Conseil de défense.

L’armée de terre devra, jusqu’en 2040, se contenter de 200 Leclerc rénovés. Et croiser les doigts pour que l’hypothétique projet franco-allemand de char du futur voie bien le jour…

Les 413 milliards d’euros promis aux armées par Macron sur une période de sept ans iront surtout à la cyberdéfense, aux drones, aux satellites de renseignement, au futur porte-avion et à la construction de frégates — tandis que les crédits pour les bombes et les missiles de croisière nucléaires vont doubler (« Le Canard », 11/01/2023). Parce que la dissuasion atomique reste, aux yeux de Macron, est le seul bouclier efficace contre Poutine.

Si le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a feint (sur ordre du Président) de plancher sur la livraison des « Leclerc » aux troupes de Zelensky, c’était pour faire pression sur les Allemands, qui rechignent à voir leurs « Léopard 2 » affronter les Russes.

L’idée de Macron ? Les Allemands, qui ont en fabriqué plus de 2 000, doivent permettre aux Polonais de céder leurs 232 exemplaires à Kiev. Remarque d’un haut gradé français : « Pour faire face à la contre-offensive que les Russes préparent, les Ukrainiens ont besoin d’au moins 400 chars lourds du même modèle. » Un chiffre qui pourrait facilement être atteint en piochant dans l’arsenal des 17 autres pays équipés en véhicules cuirassés made in Germany.

Les Allemands iront-ils jusqu’à dire à Macron : « Arrête ton char à bluff » ?


Article signé des initiales O. B.-K. et C. L. Le Canard enchaîné. 25/01/2023


Une réflexion sur “Les tergiversations françaises…

  1. bernarddominik 27/01/2023 / 08:45

    Oui, notre armée est bien mal équipée, mais nos Leclerc coûtent 8 millions piéce pour 3 pour le Léopard. L’Otan ne permettra pas à l’Ukraine de gagner, mais seulement de durer.
    Dans quel but ? Affaiblir la Russie sans l’humilier. Donc, ce sont les Ukrainiens qui en font les frais avec l’argument de défendre des frontières dont tout le monde sait qu’elles sont issues du choix de 3 dictateurs communistes.

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