Cette tranparence

… assumée par certains élus… ou pas !

Depuis plus de 18 ans, la mère d’Éric Ciotti occupe une place dans un hôpital de la vallée de la Vésubie pourtant réservé à des soins de courte durée. Conséquence : la prise en charge est entièrement assumée par la Sécurité sociale, avec au moins 500 000 euros d’économies à la clé pour la famille Ciotti. Le nouveau patron des Républicains n’a pas répondu à nos questions.

En 2000, Éric Ciotti connaît un drame personnel. Sa mère subit un grave accident vasculaire cérébral qui la laisse paralysée. Elle n’a que 55 ans. Une épreuve que ce fils unique, aujourd’hui président du parti Les Républicains, n’évoque jamais et qui, a priori, pourrait relever de la seule vie privée (voir la note en pied d’article). Sauf que les conditions de l’hébergement de sa mère choquent sur place et pourraient heurter toutes les familles qui, en France, désespèrent du manque de places dans le type de structure où elle est soignée.

Depuis le 16 juin 2004, Anny Ciotti (née Airaudi) est placée au centre Jean-Chanton, une unité des hôpitaux de la Vésubie à Roquebillière, dans le département des Alpes-Maritimes. Dans ce petit hôpital public, […] Mme Ciotti est hospitalisée en service de soins de suite et de réadaptation (SSR) pour un état dit « pauci-relationnel » (dégénératif chronique). Or, dans ce service, la prise en charge est entièrement assurée par la Sécurité sociale, excepté un forfait hospitalier pouvant être remboursé par la mutuelle.

Le centre Jean-Chanton dispose de 19 lits de ce type. Selon le Code de la santé publique (article R6123-119), ce type de soins est normalement limité à quelques semaines, au maximum plusieurs mois.

À l’accueil de l’hôpital, l’hôtesse est d’ailleurs formelle : « Nous n’accueillons pas de patients en soins longue durée. Nos lits de médecine sont prévus pour de courts séjours, sinon nous n’avons que des places en Ehpad. »

Anny Ciotti est pourtant soignée dans ce service depuis plus de 18 ans.

Dans les faits, selon plusieurs témoins interrogés par Mediapart, y compris au sein de l’hôpital, Anny ne reste généralement dans le service en moyenne que quatre à six mois, avant de le quitter pendant trois ou quatre jours, direction la clinique Saint-Georges à Nice pour faire changer sa sonde gastrique. Elle revient ensuite en soins de suite, pour une rééducation censée la renvoyer chez elle au bout de quelques mois. Ce qui, en réalité, n’arrive jamais.

Où devrait-elle vivre dans ce cas ? Dans le même bâtiment de la Vésubie, on compte114 places en Ehpad. Mais cet établissement d’hébergement pour personnes âgées ne serait peut-être pas en mesure de prendre en charge Anny Ciotti, vu son état de santé.

En revanche, dans la métropole, à l’hôpital de Nice, il existe un service pour les soins longue durée. Mais dans les services longue durée, le coût diffère pour la famille : la Sécu ne prend pas en charge les frais d’hébergement. Une place dans ce service longue durée coûterait 58,16 euros par jour à la famille Ciotti. Une somme à laquelle il faudrait ajouter le forfait dépendance qui, dans le cas d’Anny Ciotti, vu son état, atteindrait probablement la somme de 17,96 euros.

Mediapart a fait le calcul : en étant maintenue dans un service de soins de suite et de réadaptation, la situation de Mme Ciotti a permis à sa famille d’économiser plus de 526 000 euros.

Quel est le coût, en miroir, pour le contribuable ?

Selon les départements, le tarif jour en soins de suite oscille de 130 et 190 euros. Soit de 900 000 à 1,2 million d’euros assumés par la Caisse primaire d’assurance maladie des Alpes-Maritimes.

Interpellée par Mediapart, celle-ci répond : « Les CPAM ne sont pas en mesure d’identifier la durée de séjour d’un patient en SSR public [soins de suite et de réadaptation – ndlr]. Le financement des SSR se fait en dotation globale sans élément, côté assurance-maladie, permettant d’identifier les patients présents. »

Contacté par Mediapart, à plusieurs reprises, le directeur de l’hôpital, Philippe Maddalena, s’est refusé à tout commentaire.

Dans la région, Éric Ciotti n’est pas n’importe qui : président du conseil départemental des Alpes-Maritimes de 2008 à 2015, il préside aujourd’hui la commission finances de la collectivité, laquelle attribue entre autres les aides pour la dépendance des personnes âgées aux hôpitaux. « En gros, il tient les cordons de la bourse », résume sous couvert d’anonymat un opposant politique.

[…]


Blandine Flipo. Médiapart. Source(extraits)


Note : Cette enquête ne porte pas sur la vie privée ni sur l’état médical dramatique d’Anny Ciotti, qui ne relèvent pas en tant que tels, de l’intérêt général. Nous ne livrons donc aucun détail à ce sujet. En revanche, le coût anormal que représente son hospitalisation pour la Sécurité sociale et donc pour la société est d’intérêt public.


Une réflexion sur “Cette tranparence

  1. bernarddominik 17/01/2023 / 11h43

    Déjà Ciotti s’était fait pistonner pour ne pas faire son service militaire, et maintenant il fait vivre sa mère aux frais de la sécurité sociale. Pas bien beau, ça pue la corruption à plein nez

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