Chasse…

80 % des Français réclament un cessez-le-feu le dimanche 

L’affaire s’apparente à l’arlésienne. Voilà plusieurs décennies qu’un dimanche sans chasse est plébiscité et on ne voit toujours rien venir. L’exécutif vient une nouvelle fois, de rejeter le changement.

Ce devait être une décision historique. En ce début d’année, promis juré on allait enfin baisser les armes une demi-journée par semaine, peut-être même davantage. Comment ne pas se réjouir d’une telle résolution pour 2023 ? Sauf que l’hypothèse d’une trêve colportée dans les couloirs du Ministère de la Transition écologique s’est estompée comme un lapin dans son terrier. Quelle crainte effrayante redoutait l’exécutif pour faire machine arrière ? Sûrement pas la réaction défavorable de l’opinion publique, elle n’a jamais été aussi désireuse d’une paix dans la jungle.

Ayant conscience de cette évidence, une quinzaine d’associations naturalistes adressaient un courrier au Président de la République le 21 novembre 2022 disant notamment : « Il est plus que temps de mieux partager l’espace, d’autant que les accidents, toujours trop nombreux malgré la réduction du nombre de chasseurs, ne sont plus acceptables ».

Mépris total du Château, pas de réponse. Devant l’indifférence présidentielle, six associations (LPO, FNE, ASPAS, H et B, SNPN et SFEPM) ont décidé d’en avoir le cœur net en commandant un sondage à l’Ifop. Rien d’exceptionnel à cette démarche puisque c’est le 7e du genre depuis 2009. Cela dit, c’est précisément parce qu’il y avait des précédents que l’enquête méritait d’être conduite pour voir si les citoyens évoluaient dans leurs convictions.

Premier constat, en revisitant les réponses, on observe une augmentation très nette entre 2009 alors que 54 % des sondés sont favorables à un dimanche sans chasse et 2016 où ce point de vue passe à 75 %. Les années suivantes voient une nette augmentation avec notamment le sondage IPSOS/One Voice 2022 qui plébiscitent à 81 %  l’interdiction de la chasse (ou du piégeage) le dimanche, mais aussi un autre jour dans la semaine, ainsi que durant l’intégralité des vacances scolaires. Le sondage qui vient d’être réalité (décembre 2022) confirme clairement la tendance en apportant un éclairage révélateur.

À la question « Vous sentez-vous en sécurité lorsque vous vous promenez dans la nature en période de chasse ? », 70 % des sondés ont répondu non ! Ce sentiment est notamment ressenti à 75 % par les femmes.

Autre constat, bien loin des clichés véhiculés par les nemrods, ce sont les habitants des campagnes qui sont les plus inquiets à 74 %, contre 67 seulement (!) pour l’agglomération parisienne, par exemple. Globalement, l’impression d’insécurité est en nette progression. En 2009, ils étaient 54% à ressentir la crainte et 61 % en 2016.

Pourquoi un tel malaise croissant alors que les chasseurs étaient plus de 2 millions durant le siècle dernier et que leur communauté s’est effondrée à moins d’un million aujourd’hui ? Sûrement parce que les néoruraux qui abandonnent la ville pour s’installer à la campagne n’ont pas pour obsession de tirer sur tout ce qui bouge. Tout au contraire, même si les services publics font trop souvent défaut, ils recherchent le calme et la beauté de la campagne.

Vététistes, randonneurs, cavaliers, familles en balades, chacun espère un espace de bien-être. Or, les conflits ne cessent de se multiplier. Les associations de protection de la nature appelées en renfort, ne savent plus où donner de la tête pour calmer le jeu, de même que de nombreuses municipalités se sentent impuissantes.

L’idée d’accorder au moins un jour sans chasse pour calmer la tension n’a pourtant rien de révolutionnaire. L’Angleterre, les Pays-Bas, la Suisse, l’Espagne ou encore le Portugal ont déjà instauré un ou plusieurs jours sans chasse, sans générer de levée de bouclier. Impassible, droite dans ses bottes, la France, une fois de plus, reste à la traîne. Ce dédain à l’égard d’une majorité de français risque d’ajouter aux hostilités. Le clivage entre les pros et anti-chasse s’affirme.

[…]


Allain Bougrain-Dubourg. Charlie Hebdo Web. Source (extraits)


4 réflexions sur “Chasse…

  1. bernarddominik 10/01/2023 / 9h02

    Mme Pannier Runacher propose une application sur smartphone pour être informé des lieux de chasse. Elle semble ignorer que la plupart des zones de chasse ne sont pas couvertes par le téléphone et que d’autre part les chasseurs ne déclarent jamais la réalité des zones de chasse, simplement parce que le gibier est mobile et ignore les panneaux indicatifs et le GPS. Encore une ministre qui n’y comprend rien ou…. Bon on a l’habitude d’être pris pour des idiots. Mais ça commence à dépasser les Bornes.

    • Libres jugements 10/01/2023 / 11h09

      C’est vrai Bernard, les ministres ne doivent pas souvent sortir de leur placard de luxe pour sillonner les campagnes et s’apercevoir que la couverture téléphonique n’est pas toujours au rendez-vous dans certaines zones… correspondant souvent à des zones non habitées ou crapahutent les chasseurs en quête de gibiers.
      Amitiés
      Michel

  2. Ancre Nomade 10/01/2023 / 9h02

    La décision du gouvernement donne encore une fois la nausée. On ne doit pas avoir les mêmes promenades.

    • Libres jugements 10/01/2023 / 11h03

      Merci Jean-Marc pour ce commentaire.
      Bonne journée
      Cordialement
      Michel

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