Le journal « Le Monde » a publié le 23 décembre deux pleines pages sur la pratique du off, ces propos tenus devant des journalistes par des politiques sous le couvert de l’anonymat. Une pratique qui ne date pourtant pas d’hier, mais dont le quotidien du soir déplore le développement, à tel point qu’il parle de « dérive politique ». Mais à qui la faute ? Vers la fin du papier, le ministre des Transports, Clément Beaune, fournit un début de réponse : « Le off s’est aussi développé car la parole « on » est moins libre. »
De fait, les entretiens en presse écrite sont presque systématiquement relus, et souvent corrigés (quand ils ne sont pas caviardés) par les interviewés… ou par leur cabinet. Une pratique acceptée complaisamment par les journaux. En outre, ministres et sous-ministres doivent toujours demander l’autorisation avant d’aller parader dans les émissions politiques, et ils font systématiquement relire par Matignon et par l’Élysée leurs interviews accordées à la presse écrite. Résultat : « Cette surveillance de tous les instants conduit les moins expérimentés (et l’on sait qu’ils sont nombreux) à redouter de s’exprimer publiquement », déplore « Le Monde ».
Le festival du off
Coïncidence amusante, le même jour, « Le Figaro » (23/12) publiait une grande enquête intitulée « Des ministres en mal de visibilité ». « Six mois après leur nomination, beaucoup peinent encore à exister», constatait le journal, sondage à l’appui.
Une enquête, menée par Odoxa auprès de plus de 1 000 Français évidemment représentatifs, fait en effet apparaître que seulement cinq ministres (sur 44) passent le mur du son. Seuls Bruno Le Maire, Eric Dupond-Moretti, Olivier Véran, Gérald Darmanin et Gabriel Attal sont connus d’une majorité de français, qui savent quel ministère ils occupent. Marlène Schiappa et Pap Ndiaye ne s’en tirent pas trop mal. Pour les autres, c’est le triste sort de l’anonymat, y compris pour Agnès Pannier-Runacher ou Olivier Dussopt, en dépit de tous leurs efforts et des sujets grand public qu’ils portent.
Ils en ont marre d’avoir à lever le doigt pour aller à la radio et de faire valider leurs propos par les technos de Matignon et de l’Élysée ?
Le Canard enchaîné. 04/01/2023
Oui une triste réalité. Mais Véran et Attal ne sont que les perroquets du maître. Et le ton agressif d’Attal montre un esprit d’assiégés acculés à se justifier.