Ministre des affaires étrangères iranien, Hossein Amir Abdollahian a dit (sans rire bien évidemment) : « en Iran, tout progresse dans le sens de la démocratie et de liberté », après l’annonce de l’abolition de la police des mœurs.
Quelques jours après cette déclaration, on apprenait l’exécution d’un jeune homme de 23 ans, condamné à mort pour sa participation aux manifestations (comme une dizaine d’autres personnes, tandis que la répression dans les rues a déjà fait plus de 400 morts).
En république islamique, les discours officiels imitent donc à la perfection, la novlangue de Big Brother dans « 1984 » le romans de Georges Orwell qui demontre que les mots disent l’inverse de ce qu’ils affirment.
Dans « 1984 », c’était « la guerre, c’est la paix » ou « la liberté, c’est l’esclavage », c’est l’exacte traduction à porter aux annonces iraniennes : la répression, c’est la démocratie.
Pourtant lorsque l’information a filtré que la police des mœurs se serait abolie, la plupart des médias occidentaux y ont cru… et bien des chancelleries avec. Leurs fantasmes d’une république islamique réformable trouvait une fois encore de quoi se nourrir. En Iran personne n’y a cru.
D’abord parce que, même si elle était confirmé, la disparition des gardiens de la pudeur :
- ne signifierait pas la fin du voile obligatoire pour les Iraniennes ;
- que le même état qui promet plus de liberté d’une main exécute de l’autre ;
- parce que cela fait bien longtemps que les manifestants ne demandent plus (seulement) qu’on laisse respirer les femmes, mais veulent éjecter du pouvoir la clique corrompue, dictatoriale et mafieuse qui l’occupe depuis 1979. Il n’aspire pas une « réforme » du régime : ils se battent pour sa disparition.
Pascal Moussellard. Télérama. N° 3805 – 14/12/2022