Un intrus s’invite à l’Élysée…

Ce n’était pourtant pas les Journées du patrimoine. Le 28 septembre, un individu s’est introduit clandestinement à l’Élysée. Par la porte ouest du Château, celle qui fait face à l’hôtel de Marigny. Le curieux y est entré comme une fleur. Ni les flics chargés de « sécuriser le trottoir » ni les gardes républicains censés filtrer les visiteurs ne l’ont repéré.

Faut dire que le petit malin a profité de la relève de la garde pour passer entre les mailles. Sur sa lancée, il a traversé la Cour d’honneur, grimpé les marches du perron puis est entré, comme chez lui, dans le Saint des saints.

Un raté filmé face caméra

Ce n’est qu’après, dans le Vestibule d’honneur, qu’un huissier a interpellé l’audacieux : « Bonjour monsieur, vous avez rendez-vous ? Vous cherchez quelque chose ?» S’il cherchait Jupiter, celui-ci n’était qu’à deux pas, dans le PC qui porte son surnom. En effet, à ce moment-là, Macron y présidait un très secret Conseil de défense et de sécurité nationale. Consacré à la défense de l’Élysée, peut-être ?

Arrêté dans sa balade, l’indiscret a été conduit, entre deux gendarmes, jusqu’au commissariat du XVIᵉ arrondissement. Consigne donnée aux poulets : traiter l’affaire avec la plus grande discrétion. Au Château, idem, rien ne doit filtrer à l’extérieur au sujet de cet inquiétant raté, immortalisé par les caméras de surveillance.

Le couac est d’autant plus inconcevable que 141 gardes républicains de la Compagnie de sécurité de la présidence de la République sont censés protéger nuit et jour, 24 heures sur 24, l’enceinte du Palais et son locataire. Et que, depuis le 1ᵉ avril 2019, la sécurité du chef de l’État a été remise d’équerre, avec la création de la Direction de la sécurité de la présidence de la République.

Le machin chapeaute les gardes républicains chargés de veiller sur Macron (et ses successeurs) lorsqu’il loge au château et les gorilles présidentiels qui jouent les nounous dès qu’il est en goguette. Le pétaradant Alexandre Benalla se vante d’être l’inspirateur de cette réforme.

Une enquête interne est censée débusquer les fautifs, qui, selon les premières conclusions, « ont tourné le dos au mauvais moment ». C’est vraiment ballot, pour des plantons de luxe. Par bonheur, l’intrus ne portait ni ceinture d’explosifs ni flingue, et il était totalement inconnu des services de police.


Article signé des initiales D. H. et C. L. Le Canard enchaîné 30/11/2022