Le questionnement iranien

Avec officiellement reconnues 300 morts par l’État iranien, conséquences de la répression féroce envers le mouvement de libération des femmes et pour la levée du diktat cultuel, va-t-on vers un reversement du régime des mollahs ?

Le combat des Iraniennes pour l’égalité s’ancre dans l’histoire mouvementée du pays.

  • Dès 1906, lors des premières mobilisations pour que le pays se dote d’une Constitution et d’un Parlement, des associations de femmes furent secrètement formées, afin notamment de créer des écoles pour les filles.
  • En 1910, Dânech («Savoir») est le premier magazine féminin iranien. Mais la monarchie fera obstacle à cette émancipation tout comme elle s’opposera aux avancées démocratiques.
  • En 1932, la dernière organisation féminine indépendante est dissoute par Reza Chah, qui alterne mesures libérales et coercition. En 1936, il interdit le port du hejab en public et permet l’entrée des femmes à l’université. Mais la répression touche indifféremment les hommes et les femmes qui s’opposent au pouvoir monarchique.
  • Entre 1940 et 1953, période durant laquelle intervient la nationalisation du pétrole iranien, des associations de femmes sonf formées pour revendiquer des droits civiques et l’égalité avec les hommes.
  • Après le coup d’État de 1953 fomenté par la Central Intelligence Agency (CIA), seules les organisations proches du régime ont le droit de s’exprimer, et les autorités surveillent de près les courants féministes.
  • Dans les années 1970, de nombreuses jeunes femmes, essentiellement des étudiantes, rejoignent la lutte armée contre le régime du chah. Nombre d’entre elles sont arrêtées, torturées et exécutées. La révolution islamique de 1979 douche les espoirs d’une égalité entre les sexes. Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, plusieurs milliers d’Iraniennes manifestent contre le projet de loi instaurant l’obligation du port du voile en public. Le désintérêt des forces politiques pour ce sujet et les arrestations massives de militantes ont permis l’entrée en vigueur du texte en 1983.
  • Au cours des dernières décennies, le combat féministe n’a jamais cessé. En témoigne le succès massif en 2009 de la campagne de signatures pour l’égalité des droits au sein de la famille et l’abrogation du châtiment de lapidation des femmes.
  • En 2017, des Iraniennes retirent leur foulard et leur mouvement porte alors le nom des « Filles de la rue Enghelab [« Révolution »] ». Cette action reflétait déjà l’échec de l’idéologie officielle pour faire admettre aux jeunes générations le bien-fondé de porter le hejab.

Mitra Keyvan. Le Monde Diplomatique. Novembre 2022.


Il est admirable de constater la volonté de liberté des femmes iraniennes alors que d’autres femmes, ayant pour culte l’islamisme -voir se convertissant- arborent délibérément le voile (voir plus) dans les pays où la liberté (dont la France) existe bel et bien. MC


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