Musk et la liberté d’expression

Il y a à peine un mois, Twitter était considére à la fois comme le pire et le meilleur réseau social.

  • Le pire, car il était propice au harcèlement, aux vidéos ignobles non censurées, aux polémiques quotidiennes.
  • Le meilleur, car il faisait naître pléthore de contenus humoristiques, favorisait les rencontres et la découverte.

Et puis Elon Musk est arrivé, et Twitter n’est plus désormais que son pire versant. Pourquoi ?

Parce que Musk a viré la moitié de ses employés dès son arrivée, et que l’entreprise n’est plus capable, entre autres, de gérer les nombreux bugs qui s’accumulent.

Mais aussi parce que, en lançant la possibilité d’être « certifié » pour 8 dollars par mois via Twitter Blue, Musk a ouvert grand la porte aux fausses informations et aux théories complotistes en tout genre.

Premier cas représentatif : celui d’En Lilly, un groupe pharmaceutique américain. Un petit malin s’est créé un compte Twitter avec le même nom et a tweeté que l’insuline était désormais gratuite pour tous. Si certains ont bien compris qu’il s’agissait d’une blague, d’autres se sont laissé berner par la petite pastille bleue « certifié », qui laissait à penser que c’était le compte de la vraie entreprise.

Résultat ? Le groupe Eli Lilly a vu ses actions en Bourse chuter de plusieurs milliards de dollars.

Mais ce n’est pas tout. En payant 8 dollars pour avoir ladite pastille bleue, outre la possibilité de faire une petite farce en se renommant Emmanuel Macron ou Nikos Aliagas, vos tweets seront désormais prioritaires ! On les verra donc plus souvent que les tweets de ceux qui n’ont pas un rond à mettre là-dedans. En prétendant rendre «le pouvoir au peuple» et «rétablir la liberté d’expression », Elon Musk a surtout créé une armée de twittos prêts à pourrir le réseau social. Selon les données du site, les utilisateurs qui ont payé Twitter Blue l’ont fait pour promouvoir trois choses : des idées d’extrême droite ; des contenus sur les cryptomonnaies ; et de la pornographie. Voilà à quoi ça sert de payer pour la liberté d’expression.


Lorraine Redaud. Charlie hebdo. 23/11/2022