L’Aversion de la France en Afrique

Déjà au zénith en Afrique de l’Ouest, l’aversion envers la France sur le continent noir gagne sans cesse de nouveaux pays.

Dernier exemple en date, la République démocratique du Congo (RDC), où de violents slogans antifrançais ont fleuri dans des manifestations populaires. Une réaction en rapport avec la situation militaire. Les rebelles du M23, un groupe armé soutenu par le Rwanda voisin, campent désormais aux portes de Goma, chef-lieu de la riche province minière du Nord-Kivu.

Le 31 octobre, plusieurs milliers de personnes y ont manifesté à l’appel de la société civile, dénonçant une agression militaire pilotée depuis Kigali, sous l’œil indifférent de Paris comme de Bruxelles.

Deux jours plus tard, c’est à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, que des Congolais en colère arrachaient les drapeaux de la France et de l’Union européenne flottant devant un bâtiment français, tandis que certains brandissaient des portraits de Vladimir Poutine et des pancartes le suppliant d’aider le Congo à « rétablir sa dignité » !

Barbouzes au pays des gorilles

Il est vrai que, contrairement aux États-Unis, parrain historique du président rwandais, Paul Kagame, la France s’est bien gardée de dénoncer l’implication du Rwanda dans les différentes et très meurtrières guerres congolaises. Le Quai d’Orsay, lui, souligne le soutien financier (6 millions €) apporté à Denis Mukwege, chirurgien réparateur des femmes victimes de violences sexuelles en RDC, Prix Nobel de la paix 2018 et bête noire de Kigali.

Le 2 novembre, en Belgique, ce dernier s’étonnait d’« un humanisme à géométrie variable : il y a une situation grave en Ukraine, qui entraîne des réactions et des sanctions.

Je suis tout à fait d’accord. Mais il faut que ça soit juste, et que ça puisse se passer partout quand ça arrive, que le monde ait la même réaction ».

De son côté, la France travaille à renforcer sa coopération sécuritaire avec son nouveau (et turbulent) allié rwandais. Comme en témoigne un déplacement inédit du patron de la Direction du renseignement militaire français, attendu à Kigali d’ici à la fin de l’année 2022.


Article non signé lu dans Le Canard enchaîné. 09/11/2022


Une réflexion sur “L’Aversion de la France en Afrique

  1. bernarddominik 14/11/2022 / 18h44

    Si la France intervient en Afrique, les Africains crient au colonialisme, si elle ne fait rien, ils râlent encore.
    Il serait temps que les Africains grandissent et comprennent que les états (les leurs comme les autres) sont dénué de sentiment, mais des intérêts.
    On voit très bien sur Facebook cette ambiguïté des Africains qui attendent tout de la France, risquent leur vie pour y aller, et par ailleurs la rejettent. On ne peut tout vouloir et son contraire. Les Africains de l’ex AOF manquent de maturité, ils ont été trop longtemps habitués à la protection de la France et tout en la rejetant ne peuvent s’en passer.
    Les conflits actuels ne sont que la continuation d’anciennes guerres tribales avant la colonisation, avec malheureusement les moyens que la technologie européenne leur a apportés.

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