C’est au début de l’année prochaine que la nouvelle loi de programmation militaire (pour la période 2024-2030) devra être soumise au vote du Parlement, une fois sa rédaction définitive validée par Emmanuel Macron, et par lui seul.
D’ici là, le conflit va s’exacerber entre l’état-major, qui compte obtenir le soutien du ministre des Armées, et leurs adversaires communs du ministère des Finances.
Les généraux défendent le pouvoir d’achat des armées, si l’on ose dire, et des centaines de milliards sont en jeu, ce que les Français ignorent encore. Au sein des deux camps, chacun estime évidemment détenir la vérité et ne craint pas d’être démenti. Les militaires rappellent que Macron leur avait demandé de se préparer à « une guerre de haute intensité », alors qu’ils ne peuvent mener aujourd’hui que des opérations ponctuelles et très onéreuses, comme ce fut (et c’est encore) le cas au Sahel. A Bercy, les comptables des Finances évoquent les « sacrifices nécessaires » àconsentir par tous les ministères, et préfèrent, eux, reprendre la formule présidentielle d’« économie de guerre ». Mais avec modération, car les Russes ne sont jamais qu’en Ukraine.
Soucieux de prouver leur bonne volonté, Emmanuel Macron et son ministre des Armées, Sébastien Lecornu, se flattent d’avoir porté le budget militaire, pour 2023, à 43,9 milliards d’euros, soit une hausse de 3 milliards par rapport à l’année précédente. Mais ils ont tort de s’en vanter. En effet, 1 milliard de ce bel argent va être absorbé par l’inflation. Et les 2 autres milliards ne serviront qu’à couvrir les frais engagés dans les opérations extérieures (Sahel, forces françaises stationnées en Roumanie, en Pologne et dans les pays Baltes, etc.).
Une envolée de milliards à faire rêver l’état-major
Cette augmentation du budget militaire 2023 est dérisoire comparée aux centaines de milliards revendiqués aujourd’hui par les états-majors, lesquels affirment obéir aux injonctions présidentielles. Sept années de dépenses prévues par la loi de programmation militaire excitent, bien sûr, les appétits. A preuve, les besoins des armées, toujours gourmandes, sont évalués à 435 milliards d’euros (crédits de fonctionnement et d’équipement cumulés). Alors que les comptables radins de Bercy ne veulent leur en accorder que 375, car les autres engagements de l’Etat sont fort nombreux dans le domaine civil.
A en croire un expert militaire, les généraux sont prêts à réduire leurs ambitions à 410 milliards (pour éviter de se faire traiter de paniers percés ?), mais les Finances restent fermes sur les prix et ne font aucune concession. S’il fallait mesurer ce que donnerait, en 2029, le budget militaire de la France, une fois acceptées les revendications de l’état-major des armées, on arriverait à 73 milliards de dépenses annuelles, soit la coquette somme de 32 milliards de plus qu’aujourd’hui.
Une telle envolée de milliards destinés aux armées doit faire pâlir d’envie le chef d’état-major, Thierry Burkhard. Dans une lettre qu’il vient d’adresser à ses officiers, il affirme, en substance, que « les armées doivent se muscler bien plus que ça n’a été le cas jusqu’à présent », afin d’empêcher une extension en Europe du conflit Russie-Ukraine. Et il a pour ambition d’obtenir davantage de Rafale, davantage de canons Caesar (l’armée de terre n’en avait plus commandé depuis une quinzaine d’années), davantage de blindés modernisés, de frégates, de corvettes, de sous-marins, et même un nouveau porte-avions. A condition qu’on lui accorde les milliards qu’il demande.
Claude Angeli. Le Canard Enchainé. 02/11/2022
Poutine n’est pas fou il sait qu’il n’a pas les moyens d’une guerre contre l’otan. Mais Macron est il au niveau de Poutine? Ce n’est visiblement pas le cas. Il est le plus engagé de l’UE dans le conflit, les Allemands les Polonais ont fait évoluer leur position vers des concessions ukrainiennes. Macron est maintenant bien seul. Et jouer les va t en guerre est une grosses erreur.