La souffrance

Après lecture, combien diront oui, je savais, je sais. Oui j’ai lu, j’ai entendu cette douleur de la justice, au même titre que celles de la santé, de l’éducation nationale, de la police et sécurité, des transports, du pouvoir d’achat, de la pauvreté qui s’installe. Je sais tout cela et pourtant je ne fais rien et ne m’exprime pas lors des élections, des manifestations.

Tant qu’ils ne sont pas personnellement concerné, ils ne bougeront pas. Bah, quoi chacun pour sa gueule ! Vive Macron qu’à tout compris ! MC

« Marie a crié, mais il ne s’est rien passé » : l’hommage à Marie Truchet, décédée en pleine audience

L’ambiance est grave au tribunal de Nanterre. Ce mardi 25/10/2022, les magistrats en robe et le personnel se pressent dans la salle n°2 accolée aux grands escaliers rouges.

Avant que la comparution immédiate ne débute, la présidente de l’audience, Mariannig Imbert, prononce un discours en hommage à sa collègue disparue, Marie Truchet. Ce texte, ses collègues magistrats l’ont écrit ensemble. Ce drame met en lumière leurs conditions de travail qui se dégradent. Ils saluent une femme « forte, humaine et courageuse » qui se dévouait à son métier, pour la justice, sans compter ses heures.

Marie Truchet, est décédée alors qu’elle présidait une audience de comparution immédiate mardi 18 octobre. Une enquête est en cours pour déterminer les causes exactes de sa mort. Elle laisse derrière elle un tribunal en deuil et des collègues désireux de porter sa voix.

Perçue comme la magistrate qui restait toujours debout, son décès a réuni le tribunal de Nanterre autour d’un sujet : la lutte pour une justice qui a les moyens d’agir, face à un constat terrible : « Nous avons crié. Et Marie a crié. Mais il ne s’est rien passé. Elle n’a pas été écoutée ».

Un hommage fort et une dénonciation sans équivoque. Avec ce texte, la magistrature de Nanterre assène : « Nanterre coulait, comme coule toute la justice en France. » Faisant le récit d’une lutte pour mettre fin à la dégradation du système judiciaire français, la magistrate revient sur la Tribune des 3000, les mouvements de protestations, les lettres adressées au garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, et le dépôt de plainte récent des magistrats contre l’État français devant la commission européenne, pour « manquement à la législation européenne » en matière du travail des magistrats.

À Nanterre et partout en France, on dénonce des « départs multipliés » et « non remplacés ». La présidente d’audience fait un constat sans appel, mettant en contraste l’effort de groupe et le sentiment d’abandon. « Le tribunal judiciaire n’a jamais cessé de faire face, malgré les moyens toujours plus faibles. »

Les demandes répétées d’effectifs, pour un renfort de nouveaux magistrats, greffiers et fonctionnaires, n’auront pas suffi. Les chefs de juridictions et les syndicats n’ayant reçu qu’un silence pour réponse, décrient aujourd’hui plus que jamais l’inaction de l’Etat.


Alexia Avril, Nicolas Bertrand. Source


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