Macron, un quinquennat de trop !

Cet article n’est qu’un constat, en aucun cas il laisse entrevoir un changement de gestion dans la gouvernance de la France. n’est-il pas la « préparation » du peuple français à une dissolution de l’assemblée, Macron pensant ainsi retrouver une majorité à l’Assemblée après de nouvelles élections… Sera-ce là l’opportunité d’une relance réaliste de la gauche ou sa perte ? Mélenchon servira-t-il de repoussoir électoral de la NUPES ? Dans l’état actuel du pouvoir d’achat, de la mentalité revendicative justifiée des salariés, d’un pouvoir favorisant les superbénéfices, Macron osera-t-il cette manœuvre ? MC


Au fond, qu’est-ce que le second quinquennat d’Emmanuel Macron ? Le chef de l’État a vécu six mois tumultueux, marqués par une défaite aux élections législatives, des crises qui durent et des projets qui s’enlisent. Le voilà désormais en quête d’un rebond et d’une direction.

[…] Après un premier quinquennat marqué par les « gilets jaunes » et la pandémie, le chef de l’État espérait tourner la page des crises, tracer son sillon propre dans l’histoire contemporaine du pays.

N’annonçait-il pas, au soir de sa réélection, une « ère nouvelle », après avoir promis pendant la campagne des « progrès de chaque jour » et des « nouvelles conquêtes » ?

Les rêves du printemps ont fait long feu. Et les stratégies politiques échafaudées à l’Élysée se sont, les unes après les autres, écrasées sur le mur de la réalité. Sitôt réélu, Emmanuel Macron a choisi de figer le temps politique. […]

Le 19 juin, Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. […]

Dans son incessante prise de judo rhétorique, le président de la République a tenté de convaincre que ce résultat l’enchantait. Pire, qu’il ne faisait que valider le « dépassement » vanté depuis 2017. Pendant plusieurs jours, des figures politiques de gauche et de droite ont été sondées, la Macronie a bruissé d’un espoir de « grande coalition » et de rumeurs de débauchage.

Une fois encore, les espoirs ont été déçus.

Le second gouvernement d’Élisabeth Borne n’est qu’une mise à jour marginale du premier, qui ressemblait lui-même furieusement à ceux de Jean Castex. Les poids lourds ont survécu au tsunami, plus incontournables que jamais : Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Éric Dupond-Moretti, Sébastien Lecornu, Olivier Dussopt, Agnès Pannier-Runacher…

Parmi les rares prises à droite, Damien Abad a dû prendre la porte, fragilisé par les accusations de viols qui le visent.

À l’Élysée, pourtant, on a espéré jusqu’au bout sauver la peau du ministre des solidarités, dont Élisabeth Borne réclamait le départ depuis des semaines. C’est là une autre constante du macronisme, incontournable à l’heure de retracer le fil de ces six derniers mois : l’imperméabilité aux affaires. Et elles sont nombreuses.

En plus de l’affaire Abad, il y a eu les Uber Files, qui révèlent les liens entre l’entreprise américaine et la Macronie, la mise en examen d’Alexis Kohler, le renvoi d’Éric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République (CJR), l’enquête pour viol ouverte contre la secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou…

À chaque fois, le pouvoir a balayé les accusations d’un revers de manche. Parfois en les niant, parfois en les minimisant, parfois en contre-attaquant… « Vous rigolez ou quoi ? », a lancé Emmanuel Macron à la journaliste Caroline Roux qui lui posait une question anodine sur les Uber Files, mi-juillet. En expliquant récemment pourquoi Alexis Kohler était toujours en place, il a affirmé, bravache, que ce n’était pas à une décision de justice de « conduire le choix de ses collaborateurs ».

L’aplomb présidentiel passe d’autant moins que la conjoncture politique paraît défavorable à l’exécutif. Déjà privé de majorité absolue, le pouvoir doit apprendre à gérer une majorité composite, où les velléités d’émancipation sont nombreuses et où, déjà, les ambitions présidentielles se font sentir.

Après avoir refusé de se fondre dans la « grande coalition » voulue par Macron, Horizons et le MoDem ont fait entendre une voix dissonante sur plusieurs sujets (fiscalité, réforme des retraites…). Et, au sein même de Renaissance, une frange a commencé à s’émanciper sur les débats budgétaires.

Pour manœuvrer cet hémicycle complexe, Emmanuel Macron n’a plus ses lieutenants, Richard Ferrand et Christophe Castaner, qui dirigeaient respectivement l’Assemblée nationale et le groupe majoritaire ces dernières années. Il a nommé deux ministres des relations avec le Parlement par défaut, Franck Riester ayant succédé à Olivier Véran au bout de quelques semaines. Autour de lui, à l’Élysée, il avait laissé courir le bruit d’une valse des collaborateurs : à de rares exceptions près, son premier cercle est toujours le même.

Concerter ou bousculer : le dilemme du pouvoir

Placée en première ligne, Élisabeth Borne s’est attelée à la recherche de ces « compromis » qu’elle ne cesse d’appeler de ses vœux. À intervalles réguliers, elle reçoit les président·es des groupes parlementaires. Début juillet, son action et celle de Bruno Le Maire à Bercy ont permis de trouver une majorité sur le paquet « pouvoir d’achat », moyennant quelques concessions à la droite Les Républicains (LR).

L’Élysée y a vu une lueur d’espoir, deux mois après avoir promis « l’invention collective d’une méthode refondée pour cinq années de mieux ». Le trou de souris s’est rapidement refermé.

À la rentrée, les oppositions ont boycotté en bloc le Conseil national de la refondation (CNR), une invention du chef de l’État qui a laissé pantois jusqu’à ses ministres. Sur le budget, elles ont dit très tôt qu’elles n’avaient aucune intention de voter les projets de loi proposés. Et, dans l’hémicycle, les amabilités estivales ont laissé place à l’animosité habituelle entre la majorité et les autres groupes, sur fond de congrès à gauche, à droite et à l’extrême droite. 

Le blocage laisse entrevoir le piège dans lequel est enlisé Emmanuel Macron. Deux de ses obsessions se font face, sans que le « en même temps » ne puisse y régler grand-chose.

  • D’un côté, il y a cette promesse de « nouvelle méthode », celle du compromis et de la négociation, de la prise en compte de l’avis de la minorité, du retour en grâce des partenaires sociaux et des corps intermédiaires.
  • De l’autre, il y a l’obsession du chef de l’État de se montrer en action. « La crainte, c’est la chiraquisation », disent en aparté plusieurs de ses soutiens. D’être raillé comme le « roi fainéant » dans son château… tel Jacques Chirac durant son deuxième mandat…

[…]


Ilyes Ramdani. Médiapart. Source (Extraits)


3 réflexions sur “Macron, un quinquennat de trop !

    • Libres jugements 25/10/2022 / 10h43

      C’est parfaitement exact, Christine, reste que c’est le peuple français qui a voté et qu’il n’y avait rien de valable en face, d’une part et que le mécontent, les abstentionnistes, anarchistes et autres ne se manifestant pas dans les urnes, Macron et demain Edouard Philippe (qui se prépare) ont de belles promesses de gouvernance…

      Amitiés
      Michel

  1. bernarddominik 25/10/2022 / 11h18

    Soutenu par une partie du PS il s’est finalement acoquiné avec la droite sarkozyste Darmanin Lemaire, les ex gauche de Rugy Ferrand Castaner doivent se sentir bien seuls. Borne sert uniquement de cache misère

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