Tout à coup, sur les moteurs de recherche chinois, les mots « banderoles » et « pont » ont été effacés. Rayés du vocabulaire.
Pareil à cet anonyme immortalisé en 1989 debout face à un char place Tian’anmen, jeudi 13 octobre [2022] un homme a réussi à accrocher deux banderoles sur un pont de Pékin. On pouvait lire ceci sur la première : « Pas de tests Covid, mais je veux à manger. Pas de Révolution culturelle, mais des réformes. Pas de confinement, mais la liberté. Pas de dirigeant, mais un vote. Pas de mensonge, mais la dignité. Je ne veux pas être un esclave mais un citoyen » (« Le Monde », 16/10).
Tout était dit. Sur la seconde banderole il appelait les Chinois à faire la grève et à chasser Xi.
Un truc de Deng
Cet homme, on ne connaît pas son nom. On sait juste qu’il a été immédiatement arrêté. On n’ose pas imaginer le prix qu’il va payer pour cet acte.
Comme annoncé, trois jours plus tard Xi a triomphé. Il rempile pour un troisième mandat, mais à vie.
Qu’importe que dans les années 80 Deng Xiao ping ait installé un garde-fou interdisant justement ce troisième mandat, afin d’éviter que se renouvellent des années pareilles à celles, terribles, où un Mao sénile s’accrocha au pouvoir : Xi l’a fait sauter et concentre aujourd’hui tous les pouvoirs (secrétaire général du Parti, président de la République (sic), chef absolu des armées).
Est-il déjà sénile ? Il parle de lui comme étant l’auteur d’« un double miracle » : avoir mis fin à la « pauvreté absolue »et offrir « une existence paisible et laborieuse »aux Chinois.
La guerre contre Taïwan, promise avant la date fatidique de 2049 (soit un siècle après la sécession), sera le troisième, évidemment !
Article signé des initiales J.-L. P. Le Canard Enchainé 19/10/2022