Course aux carburants

Un éclairage

[…] Le syndicaliste Thierry Defresne, répond aux accusations.

[Bien évidemment les propos qui suivent, n’engagent que lui. C’est en tout cas un éclairage autre que celui diffusé par les médias, nous semblant en adéquation avec le ressenti salarial. MC]


– – – – – – – Quelles sont vos revendications ? – – – – – – –

Elles sont de trois ordres.

  1. D’abord, nous réclamons une hausse des salaires de 10 % cette année, dont 7 % au titre de l’inflation et 3 % compte tenu de l’augmentation considérable des bénéfices encaissés. Je rappelle que Total a réalisé 16 milliards dollars de profits l’an passé et a déjà cumulé 18 milliards sur les six premiers mois de 2022. Les actionnaires ont été augmentés de 5 %, il est légitime que les salariés aient eux aussi droit à leur part du gâteau.
  2. Ensuite, nous demandons un plan d’investissement massif en France, à hauteur d’1 milliard d’euros, qui comprendrait à la fois une amélioration de l’efficacité énergétique de nos raffineries (réduction des émissions de CO2 et de méthane), mais aussi une remise à niveau nécessaire à leur pérennisation. En effet, certains sites vieillissants, comme la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), par exemple, souffrent d’un sous-investissement chronique et ont besoin d’argent frais pour moderniser les équipements.
  3. Enfin, nous exigeons un plan de création d’emploi immédiat. En 2020, la direction a gelé les embauches, avant de négocier une rupture conventionnelle collective qui s’est traduite par 500 suppressions de postes nettes. Depuis, les départs à la retraite non remplacés sont compensés par un recours accru à l’intérim et aux CDD. Sur certains sites, il n’est pas rare de voir les mêmes intérimaires travailler depuis quatre ans. Nous réclamons que ces gens soient embauchés.

[…]

  • Des commentateurs laissent entendre que votre grève perturberait le fonctionnement des cars scolaires dans certains départements, en raison de la pénurie de carburant provoquée. Que leur répondez-vous ?

J’ai entendu plus grave encore : lors d’une interview récente, un journaliste nous a accusés à demi-mot de provoquer la mort des patients que les ambulances ne pourraient plus prendre en charge, faute d’essence… Ces insinuations sont insupportables.

C’est la direction de Total qui est responsable de ce blocage. Il lui suffirait de nous mettre autour de la table pour sortir de l’impasse. Mais elle refuse de discuter. […]

 En ce moment, Total cherche à casser notre grève en important des produits pétroliers de l’étranger, ce qui pose deux problèmes. D’abord, les coûts d’achat sur les marchés internationaux sont bien plus élevés que ceux qui sont pratiqués par nos raffineries. Le litre de gasoil à la pompe a d’ailleurs pris 4 centimes en moyenne depuis le début de la grève. […]


Cyprien Boganda. Source (Extraits) https://www.humanite.fr/social-eco/totalenergies/penurie-de-carburant-total-est-responsable-de-ce-blocage-766515