Pour Emmanuel Macron, l’affront est aussi sévère qu’inattendu.
Son plan conçu de longue date pour faire voter prochainement la réforme des retraites en l’insérant par un amendement au projet de loi sur la Sécu (PLFSS) est mort-né la semaine dernière. Et, comme on le sait, le sabotage est venu de l’intérieur de la majorité : de François Bayrou en personne.
Commentaire d’un ministre de premier plan : « Bayrou a été habile en présentant le recours à un amendement comme un passage en force il a tué la méthode. Comme on ne peut pas se passer du soutien de la cinquantaine de députés MoDem, ce n’est plus jouable. Il faut trouver une autre solution. »
Le chef de l’Etat a laissé parler sa colère, lundi, devant des visiteurs : « On a l’impression que tout le monde est au balcon à se demander ce qui serait le mieux pour son image. »
Ou encore : « En parlant trop de la méthode (comme ‘a fait Bayrou), on va perdre le pays. Les gens se fichent de savoir si c’est un amendement au PLFSS ou un texte ad hoc. C’est du javanais pour 80 % des gens. »
Pour éviter à leur patron de perdre la face, les technos de Matignon ont trouvé la solution : déposer un second PLFSS. En clair, il y en aurait deux. Le premier serait présenté, normalement, en octobre ou en novembre, sans l’amendement retraite ; le second, en janvier, le contiendrait. L’intérêt de cette option est multiple.
- Primo, laisser le temps de la concertation (trois mois) avec les partenaires sociaux.
- Deuzio, faire plaisir a Bayrou.
- Tertio, un PLFSS rectificatif permet, comme toute loi financière, d’utiliser l’article 49-3 sans perdre la possibilité de dégainer encore une fois ce fameux article au cours de la session parlementaire.
- Quatro, par rapport à un projet de loi classique, le PLFSS impose une accélération de la procédure.
Le Parlement ne dispose en effet que de cinquante à soixante-dix jours pour l’examiner, l’adopter ou le repousser. Il apparaît donc comme une parade contre d’eventuelles manoeuvres d’obstruction au Sénat, où le 49-3 n’existe pas.
Conclusion (sans rire) de Macron « Après, ce n’est pas à moi de choisir si on fait un amendement A, B ou un texte C. Cela relève du gouvernement. L’important, c’est que la réforme entre en vigueur en juillet prochain. »
Bon courage ! A priori, on n’a pas fini de parler le javanais.
Article non signé lu dans le Canard Enchainé. 28/09/2022
C’est l’art de faire accepter ce qui a été refusé une première fois… En français « mis à la porte, ça reviendra par la fenêtre ». Reste que l’entourloupe sera pour les salariés et futurs retraités. MC
Cette méthode consistant à faire des lois à la hussarde est typique de cette république, résultat il faut constamment réajuster les lois, ce qui fait que nous avons le records mondial de textes législatifs le record mondial des lois non appliquables et non appliquées. Combien de réformes sur la retraite? En 20 ans 5 ou 6. Pourquoi? Parce qu’aucune loi n’est conçue pour être pérenne, il y a toujours des trous dans la raquette