Envolée des prix de gros, explosion des factures… la crise, sur fond de guerre en Ukraine, met en lumière les aberrations de la libéralisation du secteur. […]
L’année 2023, commencera comme 2022, par l’explosion des factures d’énergie pour les particuliers, les entreprises et les collectivités. Avec un brin de gravité dans la voix, Élisabeth Borne a ainsi annoncé, le 14 septembre, une augmentation de 15 % des tarifs de l’électricité et du gaz à compter de janvier et février prochains.
Dans la foulée, la première ministre a enjoint aux consommateurs d’économiser la ressource, car la pénurie menace cet hiver, qui pourrait bien se solder par des coupures programmées à certaines heures de la journée.
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- De 42 à 450 euros le mégawattheure
Certes, liée à la guerre en Ukraine et aux conséquences des sanctions prises à l’égard de la Russie (qui fournissait largement l’Europe de l’Ouest en gaz et en pétrole), l’envolée historique des tarifs sur les marchés de gros (de 42 euros du mégawatt-heure, un an auparavant, à près de 450 euros en ce moment) est aussi la conséquence de la libéralisation du secteur, l’échec patent de la loi du marché. Mais pas seulement.
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Alors que la libéralisation des secteurs de l’électricité et du gaz a été imposée aux États membres sous prétexte d’« harmonisation du marché intérieur », les directives adoptées en 1996 pour l’électricité et en 1998 pour le gaz ont ouvert la porte à une multitude de fournisseurs privés, concurrents des opérateurs publics historiques, jadis monopolistiques.
- Les comptes d’EDF plombés de 8 milliards
[…] Le dispositif d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), créé au moment de la libéralisation du secteur pour offrir aux concurrents de l’opérateur public le temps de développer leurs propres moyens de production (ce qui n’a jamais été le cas), a plombé, en 2021, les comptes d’EDF de 8 milliards d’euros.
En janvier dernier, face à l’envolée des prix de gros, une augmentation du volume d’Arenh a même été décrétée par l’État, avec, en contrepartie, l’engagement des fournisseurs privés de ne pas augmenter leurs tarifs. Promesse non tenue.
- Revenir aux fondamentaux
« L’Arenh est un mécanisme pervers qui oblige EDF à brader un tiers de sa production nucléaire. Pour permettre la rente pure de quelques-uns, on étouffe EDF et on arnaque les consommateurs ! » s’indigne Christophe Ramaux (1), qui plaide pour la suppression de ce système.
La loi Nome (nouvelle organisation du marché de l’énergie), votée en 2010 et qui consacre la création de l’Arenh, signe dans le même temps la mise en application d’un nouveau mode de calcul du tarif réglementé (TRVE) auquel EDF vend le mégawattheure à ses clients.
Jadis basé sur le coût de production, le prix de l’électricité comprendra dès lors une part du coût d’approvisionnement des concurrents privés.
En clair, le tarif réglementé dépend désormais des prix du marché de gros. Une double aberration. […]
Marion d’Allard a compilé les réflexions de débateurs. Source (Extraits)
- Christophe Ramaux, membre des Économistes atterrés, est l’auteur de « Pour une économie républicaine, une alternative au libéralisme », ouvrage publié aux éditions De Boeck.
Le gouvernement a mis en place le pillage d’EdF pour mieux la démanteler et offrir à quelques privilégiés une rente facile. C’est Fillon et Sarkozy qui ont mis en place cette escroquerie, ils devraient être jugés pour ne pas avoir mis une limite raisonnable dans le temps et un garde-fou en cas de dérapage des prix.