… des « alliés » peu empressés !
Contraint par la contre-offensive ukrainienne, de reculer sur le front ouest, Poutine fléchit maintenant sur son flanc sud ! Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan… A l’exception du Tadjikistan, fidèle vassal de Moscou, les ex-Républiques soviétiques d’Asie centrale s’affranchissent peu à peu de la tutelle du Kremlin.
D’emblée, ces Etats jadis satellisés ont omis d’interdire les manifs de soutien à Kiev. Sept mois après le déclenchement de l’agression, deux d’entre eux dénoncent même haut et fort les tentatives de recrutement de leurs ressortissants établis en Russie.
Le 24 septembre 2022, le tsar Vladimir, dans le sillage de la Douma (chambre basse), a signé une loi assouplissant les procédures d’accession à la citoyenneté de la Fédération pour les immigrés disposés à servir un an durant dans les bataillons russes. Avant même la promulgation de cet oukase, les autorités ouzbèkes et kirghizes — relayées par de hauts dignitaires musulmans — avaient mis leurs expatriés en garde, rappelant les châtiments encourus par quiconque s’engagerait dans une armée étrangère : une lourde peine de prison assortie, le cas échéant, d’une confiscation de biens. Quant au Kazakhstan, il vient de promettre sa protection aux Russes fuyant la mobilisation « partielle ».
« Conseil turcique » (sic)
Le réveil brutal et meurtrier, à la mi-septembre, de vieux conflits locaux met en évidence l’affaiblissement de la tutelle du « parrain ». Les combats survenus à la frontière tadjiko-kirghize rançon d’un contentieux territorial en sont un signe. Tout aussi éloquent, le regain de violence entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux ans après un cessez-le-feu conclu sous la férule de Moscou. Erevan se plaint d’ailleurs amèrement de l’apathie de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), un machin made in Kremlin censé garantir la stabilité régionale.
Un revers peut en cacher un autre. Au-delà des serments d’amitié éternelle avec la Sainte Russie, Turquie et Chine lorgnent de plus en plus ardemment les ressources — minerais et hydrocarbures — de l’Asie centrale. Pékin y tracerait bien l’une de ses « nouvelles routes de la soie ». Quant au sultan Recep Tayyip Erdogan, il la courtise assidûment, en brandissant l’étendard de son « Conseil turcique ».
Un signe : Ankara s’échine à sceller des partenariats militaires avec les ex-Républiques soviétiques, y compris le Tadjikistan non turcophone.
Difficile de nier que l’état de l’empire empire…
Article signé J.C. Le Canard Enchainé. 28/09/2022