« Entre le chien et son maître, il n’y a qu’un saut de puce », plaisantait l’écrivain Jules Renard.
Il ne croyait pas si bien dire.
Depuis quelques belles décennies, la science confirme une proximité insoupçonnée entre l’Homme et le chien. Les progrès de l’imagerie cérébrale ont notamment révélé des « neurones miroirs ». « Cela signifie que des régions similaires du cerveau sont activées chez l’acteur et l’observateur », explique Anne Vonesch dans L’empathie racontée au monde de l’élevage (éditons Thème Sensible). Ce qui est vrai entre humain peut l’être avec un chien, résume la chercheuse qui précise : « un chien réagit instantanément au stress de son maître. Beaucoup de chiens montrent un comportement de sollicitude lorsque le maître est triste ».
Ce constat s’est vérifié au Tribunal Correctionnel de Marseille lors du procès de l’accident du car scolaire de Millas qui fit six morts et dix-sept blessés. Ouchi, un golden retriever allant vers sa quatrième année, est au côté d’une adolescente témoignant péniblement du drame dont elle fut victime. Plongeant les mains dans la fourrure du chien, elle trouve enfin la force de s’exprimer.
Nadine Oliveira, la prévenue, a également droit à une assistance canine. C’est Rancho, un labrador noir qui lui a été confié. Lui aussi prend sa part de douleur pour soulager l’accusée.
Céline Ballerini, présidente du Tribunal Correctionnel de Marseille, a accepté le principe d’un accompagnement canin au bénéfice des victimes, comme de la mise en cause. C’est une première « qui ne peut être considérée comme un gadget », précise-t-elle en soulignant : « qu’il s’agit là de vous permettre de supporter la charge émotionnelle de ce procès ».
Si le principe de « chien d’assistance judiciaire » est né en Amérique du Nord, il est désormais admis en France.
Jérôme Moreau, vice-président de la Fédération France Victimes n’a pas manqué de soutenir publiquement la démarche : « Le chien baisse le stress, le rythme cardiaque, il est donc un facilitateur de témoignage ». Reste à savoir comment certains chiens parviennent à établir une telle communion thérapeutique.
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Allain Bougrain-Dubourg. Charlie Hebdo Web. Source