Un rapport de l’Otan sur les malheurs de Poutine

Le document confidentiel daté du 16 septembre a été transmis aux seuls membres de l’Alliance atlantique, et « Le Canard » en a extrait plusieurs éléments révélateurs.

Sans insister trop lourdement, les analystes de l’Otan, parmi lesquels nombre d’Américains, ont constaté, en s’en félicitant, que les dollars ont « ruisselé » sur l’Ukraine après l’élection de Joe Biden à la Maison-Blanche.

Au total, un montant extraordinaire de 45 milliards d’aides économique, humanitaire et militaire. Les livraisons d’armements américains ne représentant que 14,5 milliards de ce flot de billets verts.

Une remarque en passant : il manque encore, dans cette évaluation chiffrée, les dépenses effectuées par les services américains de renseignement, qui, grâce à leurs satellites et à leurs avions espions, ont offert à l’armée ukrainienne une vue d’ensemble quasiment immédiate des opérations en cours. Ce qui a permis à l’état-major ukrainien de connaître en temps réel les mouvements des troupes russes.

A en croire ce rapport de l’Otan, Vladimir Poutine avait très mal évalué les risques de cette guerre. Convaincu par ses généraux et par ses services de renseignement que celle-ci n’allait durer que quelques jours, il n’aurait pas cherché à savoir si ses arsenaux étaient convenablement fournis, ni si son industrie de défense saurait s’adapter à une guerre qui se prolongerait.

Des chars qui changent de camp

Encore des chiffres révélateurs : depuis le 24 février, début de l’invasion, les chars russes ont tiré plus de 7 millions d’obus, et l’artillerie des centaines de millions.

Mieux : parmi les très nombreux blindés et autres véhicules récupérés par les Ukrainiens lors des récents combats, un tiers est constitué de chars lourds « en état de marche », abandonnés par leurs équipages en fuite.

A l’évidence, et toujours selon ce document, l’armée de Poutine ne disposait ni de combattants bien formés ni des équipements nécessaires pour mener cette guerre. Les Russes ont, par exemple, « bricolé » des chars en installant sur des T-80 des tourelles de tir de vieux T-64.

Plus dérangeant pour Poutine : les fournisseurs étrangers de l’armée russe se comptent sur les doigts d’une main. L’Iran pour des drones kamikazes et la Corée du Nord pour des obus, des roquettes et des copies de kalachnikovs chinoises.

A noter que la Chine, qui soutient pourtant la guerre que Poutine dit mener contre l’Occident et l’Otan, ne lui a toujours pas livré le moindre char.

Pour affronter les Russes et lancer leur récente contre-offensive, remarquent les analystes de l’Otan, les Ukrainiens ont su associer l’armement vieillot dont ils disposent (souvent d’origine soviétique) à des matériels occidentaux d’excellente qualité. Et de rappeler que les Américains ont fourni des Himars portée (missiles guidés par GPS sur 80 km de portée), des systèmes de défense anti-aériens Iris-T, des batteries de missiles sol-air Nasams, des canons français Caesar, etc.

Enfin, le document se conclut par cette vérité première : « La guerre est loin d’être terminée. Aucune des parties qui s’affrontent n’est susceptible de remporter une victoire décisive pour l’instant. »


Claude Angeli. Le Canard Enchainé. 21/09/2022


Une réflexion sur “Un rapport de l’Otan sur les malheurs de Poutine

  1. bernarddominik 26/09/2022 / 14h40

    Jusqu’à cette malencontreuse guerre, Poutine avait su profiter des opportunités laissées par les occidentaux, Géorgie, Syrie, Mali.
    Avec l’Ukraine, il a surestimé les capacités de la Russie, et les guerres entre ex-républiques de l’URSS qu’il n’a pu juguler (Kirghizstan, Tadjikistan, Arménie, Azerbaïdjan) semblent marquer la fin de ses succès.
    D’ailleurs le revirement d’Erdogan en est peut-être le signe avant-coureur

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