Pénurie de main-d’œuvre !

Une étude menée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) montre que l’immense majorité des petits patrons à de la peine à attirer (ou à garder) les « camarades travailleuses et travailleurs ».

Les explications sont toujours les mêmes : manque de formation, compétences inadaptées, revendications salariales exagérées, demandes personnelles impossibles à satisfaire. C’est ce que confirme, en partie, la recherche.

Pour le sociologue Thomas Coutrot, auteur d’une étude sur le sujet pour le ministère du Travail, sans surprise, les métiers où les postes vacants sont les plus nombreux sont ceux qui cumulent les handicaps : horaires à rallonge, fractionnés, changeant au dernier moment, saleté, bruit, fatigue, pression psychologique…

Bref, les boulots pé-ni-bles dévolues aux emploies précaires, interimaires, alocataires demandeurs d’emploi de Pôle Emploi ou du RSA, etc

Réjouissons-nous ! Puisque les demandeurs d’emploi sont en position de force, les entreprises commencent enfin à améliorer les conditions de travail, par exemple en donnant un jour de congé de plus par semaine dans l’hôtellerie et la restauration.

Un gain de qualité de vie qui, également, réduira les maladies – la Sécu vous dit merci. Et permettra aux gens, à l’avenir, d’être cassés à 65 ans, et pas comme maintenant, à 55 ans ou à 60 ans, ce qui sera excellent pour le système de retraites. La Sécu vous dit merci une deuxième fois.

Proposer des boulots de qualité est dans l’intérêt bien compris des employeurs. Car s’ils ne le font pas, il ne leur restera que les hausses de salaire pour attirer le prolétaire. Entendons-nous bien : augmenter les salaires du même montant que l’inflation est nécessaire pour que les gens ne sombrent pas dans la misère. En outre, cela soutient la consommation, ce qui est bon pour les entreprises. Mais si les salaires augmentent trop, par exemple dans les secteurs où personne ne veut bosser, la Banque centrale européenne paniquera à l’idée d’une boucle hausse des salaires - hausse des prix - hausse des salaires. Elle élèvera alors ses taux d’intérêt, afin de briser l’inflation. Ce qui fera trrrès mal.

En fait, c’est d’un dialogue social de qualité que nous avons besoin. Entre chômage de masse depuis déjà quarante ans et faible nombre de syndiqués, le monde du travail est en position de faiblesse.

Les dernières réformes ont donc toutes été à l’avantage des entreprises. Enfin, du moins, c’est ce qu’elles croyaient. Ainsi, la réduction des allocations chômage menée par Élisabeth Borne, lorsqu’elle était ministre du Travail, a fortement pénalisé ceux qui avaient une activité discontinue dans l’année. Résultat : plus vraiment de saisonniers. Un grand bravo.

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Jacques Littauer. Charlie hebdo. 27/07/2022. Source Web (Extraits)