L’électricien national est au tapis : c’est le contribuable qui paiera (150 milliards au bas mot) la relance de la filière atomique.
Le « quoi qu’il en coûte » s’invite dans les centrales atomiques.
L’annonce, le 19 juillet, par Bercy, des modalités de la prise de contrôle à 100 % d’EDF (financée par emprunt) va faire bondir la dette publique. En y ajoutant la mise à niveau des centrales actuelles et la construction d’une nouvelle tranche de six EPR (sans parler des huit autres envisagés), l’État devra, à terme, débourser plus de… 150 milliards d’euros. Et ce à condition que les prévisions s’avèrent valides.
Ainsi, pour racheter les 16 % d’actions qui lui manquent, l’État a prévu une dépense de 9,7 milliards… sous réserve que tout se passe bien avec les actionnaires concernés.
Pas sûr : deux syndicats de la boîte (CGT et FO) étudient la possibilité d’une action en justice contre l’État, lequel, selon eux, est responsable de la baisse du cours de l’action, qui touche notamment les quelque 100 000 actionnaires salariés du groupe. Ces derniers, regroupés au sein de l’association Énergie en actions, vont également porter plainte.
Tout comme eux, l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) estime que le gouvernement, disposé à payer 12 euros par action, est trop radin. « L’État, pour des raisons politiques, a pris des décisions contraires aux intérêts de l’entreprise (fermeture de Fessenheim, fourniture massive d’électricité à bas prix à ses concurrents, contrôle des prix, etc.) qui ont plombé le cours de l’action. Les actionnaires n’ont pas à faire les frais de cette schizophrénie gouvernementale », explique Colette Neuville, présidente de l’Adam.
Ruineux chantiers
Dans une lettre au gendarme de la Bourse (AMF) et à EDF, elle demande que les actionnaires récupèrent leur mise d’origine — soit 32 euros pour ceux qui ont souscrit en 2005, lors de l’introduction en Bourse. Un détail : la facture ferait plus que doubler, dépassant 25 milliards. À peu près ce que l’État a ponctionné depuis dix-sept ans à EDF (22 milliards) en dividendes, vente d’actions et impôt sur les dividendes.
Un régal, en somme, pour la dette publique. L’opération sera, en effet, financée, a précisé, le 19 juillet, un conseiller de Bruno Le Maire, par une augmentation des emprunts de l’État sur les marchés, prévus jusqu’alors pour 260 milliards en 2022. En pleine remontée des taux d’intérêt !
S’ajoutent, enfin, les projets faramineux à financer. Au nombre de ces chantiers pharaoniques : le « grand carénage » (prolongement de dix ans de la durée de vie des centrales actuelles), qui doit coûter 50 milliards. Le lancement d’une tranche de six EPR, annoncée par Macron : au moins 55 milliards — si tout va bien. Or, en matière d’EPR, c’est plutôt rare ! À quoi s’ajoutent quelques autres bricoles, tel le chantier à haut risque financier de Hinkley Point, en Grande-Bretagne.
« Les besoins d’investissements d’EDF sont de l’ordre de 17 milliards par an », estime un administrateur (CGT) du groupe. Problème : EDF est à sec. Les décisions gouvernementales prises depuis un an et les dysfonctionnements de ses réacteurs lui ont fait perdre 24 milliards. Ce sera donc à l’État de financer cette montagne d’investissements.
Dans la connerie, on ne serait plus à 150 milliards près ! [Surtout ne pas rire à cette vanne immonde. MC]
Hervé Martin. Le Canard Enchainé. 20/07/2022
Normalement, les bénéfices d’EdF auraient dû servir à l’amortissement de ses investissements, et donc à les renouveler, au lieu de ça, l’état l’a ponctionnée et fait réaliser des investissements catastrophiques à l’étranger, vendant une technologie non maîtrisée, l’EPR.
Les énarques sont de mauvais gestionnaires.
Toutes les entreprises qui entrent dans le budget de l’État ne sont qu’une ligne dans le budget de celui-ci.
À partir moment où ce n’est qu’une ligne, elle est sujette à variation en plus comme un moins (souvent en moins) selon le bon vouloir du ministre de l’Économie et des directives présidentielles.
En effet, il est très facile d’augmenter une ligne plutôt qu’une autre, le total du budget de l’État restant le même.
Ce qui arrive à EDF, est le même scénario qu’à la SNCF, la poste, etc. et bientôt, ce sera le tour de la sécurité sociale, oui les soins, les hôpitaux, les retraites… oui plus qu’une ligne que l’on augmentera ou surtout baissera (même si ce n’était que par le jeu des nons alignements fonction de l’inflation).
Qui dit ligne budgétaire est synonyme de détériorations de l’offre. MC