Il est fini et quasiment en aout !

Le Tour de France, la chaleur méridienne de juillet...

Dans les maisons, on tire les persiennes, la vie devient plus lente, la poussière danse dans les rais de soleil. Se tenir à l’enclos quand le ciel est si bleu semble déjà discutable. Mais, s’avachir devant un poste de télévision quand les forêts sont profondes, quand l’eau promet la fraîcheur, la lumière !

Pourtant, on a le droit, si c’est pour regarder le Tour de France. Il s’agit là d’un rite respectable, qui échappe au farniente bestial, à la mollesse végétative. D’ailleurs, on ne regarde pas le Tour de France. On regarde les Tours de France.

Oui, dans chaque image du peloton lancé sur les routes d’Auvergne ou de Bigorre s’inscrivent en filigrane tous les pelotons du passé. Sous les maillots fluo, phosphorescents, on voit tous les anciens maillots de laine — le jaune d’Anquetil, tout juste paraphé d’une broderie Helyett; le bleu-blanc-rouge de Roger Rivière, avec ses manches si courtes; le violine et jaune de Raymond Poulidor, Mercier-BP-Hutchinson.

À travers les roues lenticulaires, on devine les boyaux croisés sur les épaules de Lapébie ou de René Vietto. La caillasse solitaire de La Forclaz s’ébauche sur le bitume surpeuplé de l’Alpe­ d’Huez.

Il y a toujours une personne pour dire :

— Moi, ce que j’aime dans le Tour, ce sont les paysages !

De fait, on traverse une France surchauffée, festive, dont le peuple s’égrène au fil des plaines, des villes et des cols. L’osmose entre les hommes et le décor se fait dans une ferveur bon enfant, quelquefois débordée par des hurluberlus surexcités. Mais, sur fond de Galibier pierreux, de Tourmalet brumeux, un peu de paillardise franchouillarde ne fait que souligner la dimension mythique des héros.

Moins décisives, les étapes de plat sont tout aussi suivies. Le sentiment de voir passer le Tour y est plus ramassé, plus compact, et donne son prix au déploiement de la caravane publicitaire.

Peu importent les bouleversements au classement général. C’est l’idée qui compte : communier un instant avec toute la France, du soleil et des moissons.

Sur l’écran du téléviseur, les étés se ressemblent, et les attaques les plus vives ont goût de menthe à l’eau.


Philippe Delerm


Une réflexion sur “Il est fini et quasiment en aout !

  1. Pat 26/07/2022 / 19h47

    Un oubli: l’accordéon de Yvette mais l’essentiel est là et perso je trouve le tour sympathique malgré les tentatives de déstabilisation, le dopage, les magouilles… mais franchement, dopés ou pas je m’en fous, c’est leur problème, mais les coureurs sont des héros que reconnaissent tous ceux qui sont déjà montés sur un vélo, et puis la tradition la menthe à l’eau ou le saucisson…C’est génial ! Vive le tour, magnifique cette année !

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