Face à une inflation galopante issue, pour l’essentiel, de la financiarisation à outrance de la période Covid, la Réserve fédérale états-unienne et la BCE mènent le bal de l’été meurtrier de la hausse des taux d’intérêt.[…]
La Réserve fédérale états-unienne (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) enclenchent des politiques monétaires restrictives sous couvert de faire face aux flambées de l’inflation.
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1. L’inflation, métastase de la financiarisation
L’inflation vole de record en record dans l’ensemble du monde occidental : + 9,1 % aux États-Unis, + 8,6 dans la zone euro et + 9,3 % au Royaume-Uni. Cette flambée des prix devait être « provisoire », assura longtemps Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, avant de se rendre à l’évidence.
Nombre d’analystes dissertèrent sur les « goulots d’étranglement et la raréfaction de l’offre » attachés « transitoirement » à la période de reprise post-Covid. Sans jamais vraiment décrypter les raisons des sous-investissements à l’origine de ces pénuries. Sans s’inquiéter d’une financiarisation qui a connu un développement exponentiel durant les années de pandémie.
Dans la période, le capital a enflé jusqu’à afficher une obésité monstrueuse […]
Des politiques publiques destinées à combattre « quoi qu’il en coûte » – selon l’expression du président Emmanuel Macron – les conséquences économiques des confinements ont nourri cette énorme boursouflure financière qui a commencé aujourd’hui à éclater. […]
Le flot d’argent gratuit obtenu par création monétaire – la planche à billets des instituts d’émission – n’a jamais vraiment servi à une stimulation salutaire de l’activité, tant il fut distribué le plus souvent sans condition et donc détourné vers les opérations les plus spéculatives. Des investissements essentiels dans des infrastructures ou des produits de base n’ont pas été suffisamment honorés. Sans même parler de ceux qui auraient dû être consacrés aux services publics, à la formation, à la santé, à la recherche ou à la lutte contre le réchauffement climatique.
2. Pourquoi l’Europe est-elle si fragilisée ?
Le changement de la donne économique né de la guerre et de l’agression de Poutine sur l’Ukraine a aggravé, pour l’Europe, les risques de récession qui planent déjà sur l’ensemble du monde occidental sous l’effet de l’inflation financière. Les tensions sur les prix de l’énergie liées à une raréfaction des livraisons de gaz naturel russe, voire à leur interruption pèsent très lourd. […]
3. Hausse des taux : arme contre les citoyens
La Réserve fédérale (Fed), la banque centrale états-unienne, a relevé ses taux de manière très agressive depuis le mois de mars. Elles les a portés, eux qui étaient encore nuls au début de l’année, à 1,75 % et s’apprêterait à effectuer une nouvelle hausse de 1 % fin juillet, ce qui constituerait le resserrement le plus brutal opéré par l’institut d’émission depuis 1994. […]
Le tour de vis monétaire est l’outil standard des institutions financières pour enrayer une flambée des prix qui ronge la valeur des placements du capital. Après l’avoir submergé d’argent facile autorisant son expansion financière, il s’agit désormais d’empêcher que l’inflation ne provoque une dévalorisation par trop importante de ses avoirs. […]
Pour éviter la récession, le maintien d’une politique expansive de la BCE paraît incontournable. […] Il s’agirait de financer au meilleur compte les biens communs, l’activité utile et non plus les poids lourds des Bourses. Aux premiers serait réservé l’accès aux moyens de financer des investissements riches en emploi, en formation, pour les services publics ou la lutte contre le réchauffement climatique.
On pourrait y parvenir, sans même devoir attendre une hypothétique révision des traités européens, grâce à la création d’un fonds européen ad hoc solidaire, refinancé par la Banque centrale.
Bruno Odent. Source (Extraits)
La hausse des taux d’intérêt était prévisible bien avant le covid, mais il est vrai que l’abus de création de monnaie à accéléré cette hausse. Effectivement le problème c’est que cet afflux monétaire n’a pas profité à l’investissement mais à la consommation et la spéculation, d’autant plus qu’il a été distribué sans contre partie et sans contrainte.