Tour de cochon pour l’industrie du cochon

Gros embarras du nouveau ministre de l’Agriculture.

Marc Fesneau va devoir trancher entre la santé des consommateurs et les intérêts de l’industrie cochonnière. Cette dernière pensait avoir sauvé l’un de ses ingrédients magiques, l’E250. Des sels nitrités dont elle fait un usage immodéré pour allonger la durée de vie de ses charcuteries prétranchées.

Depuis le 25 novembre 2015, jour où l’Organisation mondiale de la santé a décrété la cochonnaille nitritée « cancérigène probable pour l’homme » la Fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT) s’est décarcassée pour empêcher, en France, l’interdiction des sels nitrités.

La FICT a ainsi réussi à torpiller toutes les tentatives parlementaires d’en finir avec l’E250.

Dernière victoire en date, le hachage menu d’une proposition de loi du député Richard Ramos, finalement adoptée le 3 février 2022, mais après avoir été débarrassée de sa mesure phare : l’interdiction des sels nitrités.

Et tant pis si la pétition lancée par la Ligue contre le cancer et l’association de consommateurs Foodwatch réclamant le bannissement de l’E250 de toute la charcutaille avait recueilli plus de 340 000 signatures…

Mais, voilà, l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) vient de mettre un coup sur le groin de l’industrie du cochon.

Son rapport sur les « risques associés à la consommation de nitrites et de nitrates » ne caresse pas la filière dans le sens du poil.

D’abord, l’Anses confirme le lien entre l’ingestion de nitrites via les cochonnailles et le cancer colorectal, et, comme si cela ne suffisait pas, elle pointe en plus un risque de « cancer du pancréas, de l’estomac, de l’oesophage, du sein, de la vessie, de la prostate ».

N’en jetez plus !

Ensuite, l’Anses explique que, si les industriels de la charcuterie acceptaient de raboter la date limite de consommation de leurs produits, il serait possible de faire une croix sur l’E250 sans augmenter pour autant le risque de listériose ou de botulisme, alors même que la FICT affirme que les sels nitrités sont l’unique rempart contre ces deux menaces.

Surtout, l’agence rappelle que l’exposition aux nitrites passe aussi par l’eau du robinet polluée en nitrates.

En effet, une fois ingérées, ces substances essentiellement relarguées par les déjections de… cochons se transforment en nitrites.

C’est là que les choses se gâtent vraiment pour notre ministre de l’Agriculture : pour réduire la quantité de nitrates dans la flotte, il faudrait s’attaquer aux porcheries industrielles et donc, se fâcher avec le puissant lobby du cochon.

Pas prêt d’abandomner le sel nitrité et tant pis pour celles ou ceux qui seront atteint d’un cancer…


Article non signé lu dans le Canard Enchainé. 03/07/2022


3 réflexions sur “Tour de cochon pour l’industrie du cochon

  1. bernarddominik 19/07/2022 / 7h42

    Je ne consomme plus de cochonnailles industrielles.
    Si leurs ventes baissaient de façon significative, les industriels supprimeraient les sels nitrités.

    Le consommateur a le pouvoir de ne pas consommer

  2. jjbadeigtsorangefr 19/07/2022 / 23h18

    La loi du fric est intraitable: il vaut mieux mettre la santé des gens en danger plutôt que mettre les profits en danger……………

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