Pénurie de paracétamol !

La Covid a fait émerger ce problème

En juin 2020, Emmanuel Macron promettait de relocaliser la production de paracétamol, après des semaines de pénurie.

Pour éviter les ruptures de stocks, l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) vient de décider de restreindre les quantités livrées aux pharmacies, faisant état de tensions sur la production, et d’une consommation accrue en raison du Covid.

S’en suis une prochaine relocalisation de la production en France, mais pour combien de temps. Face aux éternelles questions de rentabilité, à l’achat au moindre cout pour une meilleure valorisation des profits pour l’actionnariat, combien de temps tiendra l’entreprise implantée en France sans la volonté d’une institution publique gouvernementale ?

Porcheville, dans les Yvelines, le 9 mai. Un écheveau de tuyaux, minces ou gros, alimente des cuves réparties sur plusieurs niveaux. Cette fantastique forêt dans laquelle on pénètre, sidéré, n’est pourtant qu’une usine… d’un type particulier : « Les marchandises que nous fabriquons ici peuvent sauver des vies ! » assure Gautier Decock, le directeur de ce site où le groupe chimique français Seqens produit des médicaments.

Plus précisément, les « principes actifs » de ces derniers. […] Ces principes actifs ou API (active pharmaceutical ingredients) sont des trésors de guerre ! Celle que se mènent les « Big Pharma », les multinationales pharmaceutiques qui vont ensuite les commercialiser.

Production à moindre coût

Pour autant, les API que Seqens, l’un des leaders mondiaux, met au point pour ses clients dans les cuisines de cette usine-pilote annexée à un laboratoire dernier cri, « n’ont a priori rien de stratégique », concède Christophe Eychenne-Baron, le directeur recherche et développement du groupe : il s’agit simplement de paracétamol. Soit l’antalgique le plus consommé au monde […].

Sauf qu’en mars 2020, avec l’explosion du Covid, il fut rationné du jour au lendemain.

Prescriptions massives d’un côté, fermeture de frontières de l’autre (donc diminution des importations) : subitement, nous avons réalisé à quel point cette substance d’une extrême banalité nous venait de beaucoup plus loin que de la pharmacie d’à côté !

Pour l’essentiel : de Chine ou d’Inde, où elle est produite à moindre coût. Comme, du reste, 80 % des molécules médicamenteuses que nous consommons, d’après l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).

Fruit de la vague de délocalisations ayant affecté le secteur pharmaceutique au cours des vingt dernières années, ce phénomène de mondialisation a en réalité déjà occasionné de multiples ruptures d’approvisionnement, du fait d’une chaîne de production particulièrement éclatée. […]

Le médecin et pharmacologue Bernard Bégaud (auteur de La France malade du médicament, éd. de l’Observatoire, 192 p.) n’a pas de mots assez durs pour dénoncer cette situation de dépendance « ahurissante ». « Comment nos gouvernants ont-ils pu ne pas la réguler ? Nous parlons ici de santé publique, de protection de nos populations ! Il faut voir les souffrances occasionnées par ces pénuries. Les mises en danger de la vie d’autrui. On n’imagine pas le nombre de patients qui vivent aujourd’hui dans l’anxiété, incertains d’avoir leurs traitements… » […]


Lorraine Rossignol. Télérama. Source (Extraits) 


Une réflexion sur “Pénurie de paracétamol !

  1. jjbadeigtsorangefr 19/07/2022 / 23h08

    C’est comme le reste, pour faire plus de fric « on » a externalisé la production.

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