Auteurs : la macronie et les abstentionnistes.
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C’est la gueule de bois au lendemain des élections législatives. Certes, les macronistes se prennent une belle claque et perdent leur majorité absolue, ce qui est non seulement jouissif mais bandant pour pas mal de nos vieux commentateurs politiques, férus de droit constitutionnel. Mais, gros caillou dans la chaussure, voilà que débarquent au Palais Bourbon, quatre-vingt-neuf députés godillots du Rassemblement national […] contre huit en 2017…
Pas à dire, Emmanuel Macron, qui s’était fait fort de réduire à néant le parti de Marine Le Pen en cinq ans, a bien réussi son coup !
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Ce résultat que personne n’avait vu venir – certains candidats RN eux-mêmes n’en reviennent pas – est aussi une grosse baffe pour les instituts de sondage. Jusqu’aux derniers jours, les études publiées par Ipsos, l’Ifop et Elabe prévoyaient une fourchette haute de 45 à 50 députés pour le RN.
Il est vrai que seul le duel Macron/Mélenchon semblait compter pour les sondeurs et les médias. De quelle majorité allait-on disposer pour mettre en œuvre les réformes considérées comme essentielles se demandait LR-EM, quand du côté de LFI, on croyait encore à ce grand soir où Jean-Luc Mélenchon décrocherait Matignon.
Bref, les rois de l’analyse politique de part et d’autre. Pendant ces discussions de salon, en douce, les encartés RN battaient le pavé.
Disaient : « Oui, je vous comprends » à Mme Michu, qui voudrait bien ne plus voir tous ces migrants qui arrivent en France via sa télé et « Oui bien sûr » aux prolos et précaires fatigués de tout qui veulent juste plus de sous et la retraite à 60 ans. Et cet électorat populaire de se laisser berner par les grosses ficelles de l’extrême droite : ce social à la sauce priorité nationale. Un concept contraire aux valeurs universalistes de la République.
[…] C’est aussi pour le parti de Marine Le Pen, sacrément mal géré et complètement endetté, un souffle d’air et une arrivée massive de pognon sous forme de subventions publiques. Et encore des collaborateurs, des bureaux et des salles de réunion. Voilà pour l’aspect matériel. Pour le reste, c’est pire. C’est le pouvoir de nuisance qui va être décuplé par la force de nos règles constitutionnelles.[…]
En théorie, le RN, premier groupe d’opposition, va pouvoir réclamer la prestigieuse commission des finances (sans être sûr de l’emporter car le poste se joue à l’élection dans les rangs de toute l’opposition).
Mais, il y a plus sûrement un risque de voir l’extrême droite s’emparer d’un poste de vice-président de l’Assemblée nationale, ce qui semblait inimaginable jusqu’alors en France. Les commissions spéciales ou d’enquêtes vont aussi leur être ouvertes.
Leur temps de parole, donc de bourrage de crânes sur leurs sujets de prédilection, va exploser et, une fois par mois, ils pourront carrément donner le « la » à l’Assemblée nationale en fixant les sujets à l’ordre du jour, qu’il s’agisse d’un débat ou d’une proposition de loi.
Et, comme ce qui est vrai pour l’opposition d’extrême droite vaut pour l’autre bord de l’Hémicycle, du côté de la Nupes ou de ce qu’il en restera bientôt, il se pourrait bien que la chaîne parlementaire LCP prenne des allures de CNews et BFM TV, en même temps.
Natacha Devanda. Charlie Hebdo Web. Source (Extraits)
Il n’est pas scandaleux que le RN soit présent à hauteur de sa représentation populaire
La question qui reste en suspens c’est pourquoi est-il à cette hauteur?
La multiplication de la misère, les promesses non tenues tant à droite qu’à gauche n’y sont pas pour rien.
MAIS ON IRA CHERCHER AILLEURS ALORS QUE LE SEUIL DE DIX MILLIONS DE PAUVRE A ÉTÉ FRANCHI.
VOUS AVEZ DIT PARTAGE DES RICHESSES?
On ne s’affole pas !
En France le plafond de verre de l’extrême droite est à 20%.
A l’assemblée le RN en est encore loin.