Borne et l’écologie

Alors qu’il est vital de prendre des décisions péremptoires pour la planète, ce n’est pas la première ministre qui s’opposera aux diktats des lobbys, des banques et investisseurs, pas plus qu’à macrounet.

Infos à celles-ceux qui applaudissent E. Borne

Faut-il encore parler de schizophrénie?

La nomination d’Élisabeth Borne au poste de Première ministre et l’arrivée d’une poignée de clampins-ministres, a provoqué une inflation de commentaires irréels dans les milieux dits de protection de la nature.

On commence par Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement (FNE), qui a lâché, après avoir vanté l’ouverture de Borne et sa connaissance des dossiers : « Si [Macron] a une volonté sincère de placer l’écologie tout en haut des priorités, on peut avoir l’espoir qu’Élisabeth Borne soit en mesure de lui expliquer les enjeux et de placer avec lui le curseur du compromis avec l’ambition la plus haute possible. » Et aussi : « Elle coche les bonnes cases. »

Anne Bringault, du Réseau Action Climat (RAC) : « [Borne] a notamment l’avantage de bien connaître les dossiers européens. C’est essentiel alors que se négocie en ce moment […] le grand plan européen qui doit permettre d’accélérer notre transition énergétique […] Pour ce moment crucial, il fallait un Premier ministre immédiatement opérationnel. » Enfin, Amandine Lebreton-Garnier, de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) : « Elle connaît bien les enjeux. Elle pourra donc agir très vite. C’est ce que nous attendons ».

C’est consternant pour de multiples raisons que je ne peux détailler. C’est même un poil flippant, compte tenu de la gravité des questions posées. Aucune leçon n’a en conséquence été tirée des cinquante années passées depuis la création, en 1971, du ministère de l’Environnement. Tandis que déferlait justement la destruction de la nature.

Cinquante ans de tergiversations, de falbalas, de promesses sans suite. Même l’exemple récent d’Hulot ne les a pas dégrisés de cette addiction aux pouvoirs en place. Hulot n’était-il pas, de loin, le plus volontaire de la bande des Bouchardeau, Lalonde, Royal, Barnier, Lepage, Voynet, Cochet, Bachelot, Borloo, Kościuszko-Morizet, Rugy, Pompili ? Si, il l’était, et n’a rien fait de plus que les autres.

Pourquoi? Parce qu’il est question de structures, pas de bisous et de « si tous les gars du monde voulaient bien se donner la main ». Borne ne fera rien, mais elle assurera la mise en scène à l’aide de mesures qui ne toucheront jamais (comme c’est bizarre) à l’essentiel.

Chacun semble d’accord pour affirmer qu’il faut changer et les modes de production et nos manières de consommer, mais au-delà de ce pauvre consensus mou, il n’y a rien. Borne est ingénieure générale des Ponts et Chaussées, caste de grands ingénieurs née en 1716 à qui l’on doit canaux et rivières «rectifiées », équipements touristiques et barrages, routes et autoroutes, ports et aéroports, châteaux d’eau et ronds-points, villes nouvelles et, en partie, nucléaire.

Jamais Borne ne s’est intéressée de près ou de loin à la crise écologique – elle a fait carrière, y compris au cabinet de Royal -, jamais elle ne sera capable de la moindre rupture.

Quant à la ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, elle a fait un boulot d’économiste à la BNP (championne du financement des énergies fossiles), avant de rejoindre AXA, qui soutient encore – en 2022 ! – des projets d’extraction de pétrole et de gaz.

Par ailleurs, on apprend ces jours-ci que Total, devant quoi toutes ces personnes se prosternent, a refusé que l’on parle vraiment de la question climatique au cours de son assemblée générale du 25 mai. Nous voici donc en pleine farce macabre, sous les applaudissements de qui devrait hurler.

On ne réglera pas la question aujourd’hui, mais un constat s’impose. Les associations officielles de protection de la nature, FNE (née en 1968) ou la FNH (liée par mille fils à l’industrie), sont incapables de mener le combat. Petites institutions, construites sur le compromis et la bienséance, elles sont devenues, volens nolens, des accompagnatrices du désastre.

Heureusement, ça pousse (un peu) dans la jeunesse, comme en atteste « l’appel à déserter » des élèves d’AgroParisTech évoqué la semaine passée. On reste fort loin du seul mot qui vaille encore : « révolte ». Oui, la révolte.


Fabrice Nicolino. Charlie. 01/06/2022


2 réflexions sur “Borne et l’écologie

  1. bernarddominik 06/06/2022 / 8h20

    Il ne faut pas oublier que ces associations reçoivent d’importantes subventions de l’État, qui ne servent pas toujours à leurs objectifs affichés. Quant à Total, elle vit des énergies fossiles, elle ne va pas se saborder.
    Les banques ont des fonds dédiés à la transition écologique, mais aucune loi n’encadre autrement que financièrement leurs activités. C’est au gouvernement de fixer les objectifs, et donc imposer et encadrer les moyens d’y arriver, l’entreprise n’a qu’une obligation, respecter les lois.
    Commençons par balayer devant notre porte: les fumeurs qui jettent leurs mégots par les fenêtres de leur voiture ont encore causé 3 incendies dans les Bouches-du-Rhône ces 2 derniers WE prolongés.
    Sur le A54 il y a une marque de départ de feu tous les 10 mètres, c’est impressionnant et écœurant.

  2. jjbadeigtsorangefr 07/06/2022 / 9h38

    Borne c’est la voix de son maître et son maître c’est le fric………………Blabla sur le reste on s’en fout l’objectif est le même.

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