… Une vision réaliste…
je suis allé à Cannes (*), pendant le festival.
- Je me souviens d’une fête dans une villa sur les hauteurs de la ville et d’une jeune femme en robe de soirée, coupe de champagne à la main qui déclara : « Dommage qu’ils soient si pauvres en Inde, car ils sont tellement beaux ».
- Je me souviens de tous ces gens qui jouaient la pire représentation d’eux-mêmes.
- Je me souviens des badauds attendant des heures en plein soleil pour avoir l’autographe d’une star, alors qu’ils l’avaient déjà obtenu l’année précédente.
- Je me souviens du regard rigolard d’un sans-abri qui regardait slalomer les Berluti entre les crottes de caniches de la Croisette.
- Je me souviens des films projetés, et du décalage.
- Où d’autre peut-on regarder un long-métrage des frères Dardenne sur la misère en rotant du dom pérignon dans des robes à quatre SMIC ?
- Où peut-on rouler trois cents mètres en limousine du Martinet au Palais des Festivals pour applaudir un film qui dénonce l’action des humains sur le réchauffement climatique ?
Nulle part ailleurs que dans cette belle province de la grande Hypocrisie.
(*) Guillaume Meurice, reporter à France Inter. « Les vrais gens » Ed. Jean-Claude Lattès