À peine Emmanuel Macron reconduit, les ministres défilent sur les plateaux pour vanter ses futures réformes, y compris celle des retraites.
Comme en 2017, Emmanuel Macron, élu par défaut, a endossé le costume de l’humilité face aux résultats des urnes. Mais, pendant qu’au pied de la tour Eiffel, il assure que le niveau de l’abstention et le vote barrage « (l’)oblige(nt) », ses lieutenants se démultiplient pour faire entendre une autre musique. À l’instar de la surprenante analyse du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand : « Emmanuel Macron a eu le meilleur score jamais obtenu par un candidat pour sa réélection depuis 1969, si on excepte 2002. » Sauf que ce soutien de la première heure ne prend pas en compte l’abstention.
Et ça change tout : en pourcentage des inscrits, le président sortant obtient en réalité, avec 38,52 %, le plus mauvais score depuis 1969, où Georges Pompidou avait recueilli 37,51 % du fait d’un record d’abstention à 31,1 % (contre 28,01 % dimanche).
Pas de quoi, pour l’heure, persuader les ministres sortants de faire profil bas. Au-delà des éléments de langage sur la « nouvelle méthode » souhaitée par le chef de l’État repris par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sans plus de précisions, l’accent mis sur la santé, l’éducation ou le pouvoir d’achat renvoie à un programme de réformes d’inspiration toute libérale.
Pis, Élisabeth Borne, dont le nom circule pour Matignon, n’y va pas par quatre chemins sur le report de l’âge légal de la retraite : « Cette réforme est importante, il faudra la faire », déclare-t-elle, jugeant simultanément, comme s’il n’y avait là aucune contradiction, qu’Emmanuel Macron est « conscient de la nécessité de rassembler, d’apaiser ». Sans compter Bruno Le Maire qui a cru bon d’affirmer, même s’il « ne le souhaite pas », qu’il ne pouvait pas « donner la garantie » que le 49-3 ne serait pas utilisé pour l’imposer.
Construire une contre-offensive de masse
Il va sans dire que, alors que 43 % de ses électeurs, selon l’Ifop, ont choisi le bulletin Macron pour s’opposer à Marine Le Pen (47 % selon Elabe), nombreux sont ceux qui entendent se rappeler à son bon souvenir et refuser son programme de casse sociale.
Imposer une cohabitation
Du côté des partis de gauche, où se prépare la riposte sur le terrain électoral, les premiers pas des ministres post-élection font aussi réagir. Jean-Luc Mélenchon, qui a réitéré son appel à l’ « élire » premier ministre lors des législatives de juin, en tire argument. « Un détail : seul le premier ministre déclenche les 49-3. Pour l’empêcher donc, une solution : l’Union populaire à Matignon », écrit-il sur Twitter.
Le premier tour du 10 avril a redessiné un paysage politique national en trois pôles à peu près équivalents, comptant la droite libérale, l’extrême droite, qui entend également tirer son épingle du jeu en juin, et la gauche, évincée de justesse du second tour. « Pour la première fois, l’idée d’un troisième tour peut être une réalité », assure le politologue Brice Teinturier sur France Inter, précisément « parce que nous avons trois France et non pas deux ».
Pour avoir une chance de l’emporter, la gauche doit trouver un terrain d’entente auquel la FI, forte des 22 % de Jean-Luc Mélenchon, a posé ses conditions. Car le mode de scrutin (12,5 % des inscrits pour se qualifier), prévient le directeur général délégué d’Ipsos, « suppose des alliances partout pour pouvoir gagner ». Et face aux projets de l’hôte de l’Élysée, il y a urgence.
Cyprien Boganda. Julia Hamlaoui. Source (Extraits)
Les discussions doivent avoir lieu au niveau national. Un accord doit intervenir et, dans chaque circonscription une candidature de rassemblement de gauche devra être présentée. Les communistes ardéchois se sont d’ors et déjà engagés à soutenir cette candidature et à tout mettre en oeuvre pour la faire élire.