Macron : Barre à droite toute

Texte paru le 04 Avril 2022 dans Charlie Hebdo Web.

Samedi 02 avril 2022, lors de son unique grand meeting, Emmanuel Macron a essayé de s’adresser aux électeurs de gauche. Mais il méprise tellement les citoyens ordinaires qu’il n’a pas été capable de proposer une seule mesure en faveur des profs, des jeunes, des retraités, des smicards ou des banlieues.

« Présidentielle : Emmanuel Macron met le cap à gauche » (Europe 1) ; « À une semaine du premier tour, Macron se rappelle au bon souvenir de la gauche » (Public Sénat) ; « À La Défense, Macron a fait du pied à la gauche » (L’Obs)… La presse est unanime : hier, Macron, c’était le Che.

Une vaste plaisanterie due à une seule phrase à propos des Ehpads, selon laquelle « nos vies, leurs vies (celles de nos parents) valent plus que tous les profits ». Un copier-coller presque exact du slogan du NPA, qui a valu à Philippe Poutou de faire remarquer que Macron pourrait au moins respecter le droit d’auteur. C’est vrai que voir LREM verser des royalties au Nouveau Parti Anticapitaliste, ça aurait de la gueule.

  • Antisocial il est, antisocial il restera

Parce que, sur le fond, non, non rien n’a changé. Même en baisse dans les sondages, même talonné par Marine Le Pen qui a eu la bonne idée, elle, depuis des années, de faire de la défense du niveau de vie sa priorité – dans son discours, hein, parce qu’on sait que ce serait une autre limonade dans la réalité –, Manu veut toujours repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans et contraindre les allocataires du RSA à une « activité » en échange de quelques piécettes.

Il faut tout de même rappeler que, même si beaucoup trop de collègues journalistes ont essayé de nous faire croire autre chose, le pouvoir d’achat, le chômage et les services publics sont en tête des priorités des Français. Ainsi, en novembre 2021, un sondage indiquait que le pouvoir d’achat était « la priorité absolue » pour… 90 % des Français ! Mais c’était trop dur à voir pour les petits génies bien débiles de chez Mc Kinsey.

  • Réfugies, faites un effort, soyez Ukrainiens !

De ce fait, Marine Le Pen est, cette fois-ci, aux portes du pouvoir. Comme le dit l’excellent Frédéric Dabi, directeur général opinion chez IFOP, « Emmanuel Macron a besoin de mobiliser l’électorat de centre gauche. Mais l’exercice est infiniment plus difficile qu’en 2017 ». Et notamment parce que la farce du Président progressiste face aux forces du mal n’est plus possible, lui qui aura gouverné comme l’aurait fait à peu de choses près, l’extrême droite, en ce qui concerne le rapport aux immigrants.

Car qui aura laissé le petit bateau Aquarius faire des ronds dans l’eau pendant des semaines avec ces pauvres âmes à bord ? Qui a abandonné l’Italie et la Grèce, pays membres de cette « union » européenne qu’Emmanuel Macron prétend aimer de toutes ses forces, face aux arrivées quotidiennes de migrants syriens, suscitant sur place un ressentiment fort légitime ?

Qui a lacéré avec le sourire les tentes des migrants-pas-blancs à Calais ? Qui a appelé au téléphone Éric Zemmour pendant 45 minutes après que celui-ci s’est fait agresser dans la rue, et a tenu à bien mettre en scène cet appel ? Qui s’est affiché mort de rire aux côtés de Philippe de Villiers ? Etc. etc.

  • Une main de fer dans un gant d’acier

Et quand Manu essaie de nous faire chialer à propos de ces « Français qui travaillent [et] voient tout leur salaire partir en pleins d’essence, en factures, en loyer, et renoncent finalement à offrir un cadeau à leurs enfants », ce n’est pas plus crédible. Nous n’avons pas oublié « les gens qui ne sont rien » croisés dans les gares, les chômeurs à qui il suffirait de « traverser la rue » pour trouver du travail, ni le mépris à l’égard des Gilets Jaunes, rapidement taxés d’antisémites et de racistes, eux qui demandaient un approfondissement de la démocratie, avec la création d’un réferendum d’initiative citoyenne.

Enfin, Manu continue de se moquer de nous en osant évoquer une « prime de pouvoir d’achat » pouvant atteindre 6 000 euros, en faisant comme si sa précédente prime, versée par les entreprises, avait été touchée par tout le monde. Alors que seuls 5 millions de travailleurs – sur 30 – en ont vu la couleur, et pour un montant moyen de 500 euros, pas 1 000. De plus, quelle classe d’insister sur le fait que cette prime est dépourvue de « charges » et d’impôts, c’est-à-dire grassement subventionnée par les fonds publics. Dites, comment cela s’appelle-t-il, déjà, quand on utilise l’argent de l’État pour se faire réélire ?

Car le projet de Manu est très clair : travailler plus pour travailler plus. Un projet qui n’est soutenu massivement que par… les vieux, et même les très vieux. Plus on est vieux, donc moins on bosse, hein, plus on regarde le beau Manu avec des yeux de biche. Mais il n’est pas sûr qu’il y ait assez de grabataires et de bourgeois, pour reconduire Macron dans un second mandat. Si jamais Marine le Pen devait l’emporter, on pourra dire qu’il l’aura bien aidée.


Jacques Littauer, Charlie Hebdo Web – Source


3 réflexions sur “Macron : Barre à droite toute

  1. Matatoune 08/04/2022 / 7h13

    Ah oui, il lui a ouvert un boulevard …

  2. bernarddominik 08/04/2022 / 8h42

    Ce n’est pas tant de demander quelques heures de travail en contrepartie du rsa ou la retraite à 65 ans qui font de lui un homme de droite, c’est sa conception du travail sa conception de la République sa conception de la solidarité, fondements de notre modèle social, qui font de lui un homme de droite. En soi le rsa est un aveu d’échec, reconnaître qu’on a pas su insérer dans la société des individus à qui on donne de quoi survivre. Le travail devrait être un droit, un travail digne correctement payé. Octroyer des privilèges, comme primes defiscalisées sans charges sociales est anti républicain, tout revenu doit participer au modèle social et au fonctionnement de la République. Cet homme est la copie de Louis XIV, et encore Louis avait probablement plus le sens de l’état qu’Emmanuel.

  3. jjbadeigtsorangefr 08/04/2022 / 11h19

    Mapen ou Lecron c’est le choix que l’on nous propose.
    Facho contre capitalo-frénétique.
    J’ai mieux avec les « jours heureux » qui évoque ce temps où le parti communiste avec plus de 20% des voix pouvait avec ses ministres d’un gouvernement présidé par Charles De Gaulle mettre en place la Sécurité Sociale, nationaliser l’énergie, les banques……….

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