Quelle campagne ?
À l’heure où la course électorale touche à sa fin, certains refusent encore d’y croire. Pourtant, même parasitée par le Covid-19, engloutie par la guerre en Ukraine et affaiblie par un président-candidat refusant les débats, la campagne a existé, abondamment, violemment, à la télé. Le sulfureux débat Zemmour/Mélenchon, organisé en septembre sur BFMTV, a ainsi consacré le duel comme genre journalistique.
Dans son sillage, C8, France 2, TF1 et LCI ont imposé au public des moments de télé fabriqués et de cacophoniques machines à clashs. Cette course au spectacle semble avoir précipité le dégoût pour une élection noyée sous les idées d’extrême droite…
Pendant plusieurs mois, le groupe Bolloré a donné le ton, en propulsant Éric Zemmour, à travers sa chaîne d’opinion CNews, ses animateurs Cyril Hanouna ou Jean-Marc Morandini. L’ancien polémiste, qui a tenté de réhabiliter Pétain, a même pu ressasser son obsession xénophobe du «grand remplacement» face à des enfants de 8 ans dans Au tableau!, sur C8. Entre fascination et appétit d’audience, la Zemmour-mania a contaminé une bonne partie du PAF.
En face, le service public, qui a rechigné à le recevoir tant qu’il n’était pas candidat, a été la cible privilégiée de plusieurs candidats, entre promesses de privatisation ou de suppression de la redevance.
Pendant ce temps, TF1 (qui attend le feu vert pour sa fusion avec M6) a fait copain-copain avec Emmanuel Macron, en lui offrant une émission sur mesure, et la Six a tenu salon avec Marine Le Pen pour une affligeante interview intime.
Quelle campagne ?
Celle de la banalisation ultime de l’extrême droite, dont nous mesurerons dimanche 10 avril 2022, les effets.
François Rousseaux. Télérama N°3769. 06/04/2022
Oui, une campagne spectacle de grand guignol où le favori refuse la course et veut nous faire croire qu’il fera ce qu’il n’a pas fait en 5 ans.
La course aux promesses: plus d’impôts pour les moins de 30 ans fussent-ils millionnaires, doublement du salaire des enseignants, retour à la retraite à 60 ans aux 10 meilleures années et aux 37 ans de cotisation, financement des baisses de charges en supprimant l’immigration avec un calcul des plus fumeux, énergie verte grâce au ciel… l’argent tombe du ciel lors des campagnes électorales, puis de la poche du contribuable quand les prières s’avèrent improductives.
La seule antidote sera le vote Roussel…