Y a-t-il vraiment « paupérisation » des armées françaises ?

La ministre Florence Parly rêve d’imposer le silence à plusieurs parlementaires et chefs militaires vraiment trop bavards.

Macron se flatte d’envisager pour la France le rôle de « nation cadre » ou de « nation leader », au cas où il lui faudrait mener, en concertation avec ses alliés, une opération militaire sur un « éventuel théâtre européen ». Mais, s’il a pu jouer les chefs de guerre au Sahel (sans trop de réussite, d’ailleurs), une intervention sur le Vieux Continent sous direction française est inconcevable, malgré les rodomontades présidentielles et l’augmentation régulière du budget de la Défense (41 milliards d’euros en 2022).

Mieux vaut donc camoufler la relative « paupérisation » des armées, et c’est ce dont s’est chargée la ministre des Armées, Florence Parly, qui ne répondent pas toujours aux questions posées par les parlementaires et ne leur fournit pas les informations qu’ils sont pourtant en droit d’obtenir. Elle est même allée jusqu’à interdire la diffusion de certaines, relative au matériel en stock, donc ils ont eu connaissance lors des auditions des différents patrons des armées et des chefs d’état-major successifs.

Le sénateur LR  Christian Cambon est l’un des parlementaires visées. Président de la commission des affaires étrangères et de la défense, et membre de la délégation du contrôle parlementaire sur les activités des services de renseignement, il prend son rôle au sérieux. A l’instar de certains élus du Congrès américain, qui, eux, ne se gênent guère pour critiquer Maison-Blanche ou le Pentagone

En panne de munitions

Selon les informations dont il dispose, Christian Cambon affirme par exemple, que les Russes ont lancé à chaque minute sur Kharkiv (la deuxième ville d’Ukraine) autant d’obus et de missiles qu’en tire l’armée française en un an lors des manœuvres dans ses camps d’entraînement. « Au bout de quinze jours de guerre, dit-il, et probablement avant, on commencerait à avoir des difficultés avec certains équipements [et] on risquerait dans un conflit plus important, de ne pas tenir très longtemps, à cause du manque de munitions spéciales ou classiques. »

Et Christian Cambon de citer comme exemple les missiles antiaériens Aster ou les missiles antinavires Exocet.

Lors de leurs auditions au Parlement, certains chefs militaires n’hésitent pas à en rajouter : « Nous avons trois ou quatre jours de réserves… »

En privé, d’autres élus se montrent tout aussi catégoriques que le sénateur Cambon. Ils doutent de l’aptitude de la France à « entrer en premier sur un théâtre d’opérations extérieures » ou à prendre la tête d’une coalition militaire appelée à intervenir. Selon un tel scénario, il faudrait pouvoir interdire le survol de l’espace aérien du territoire concerné. De plus, insistent ces parlementaires, les armées ne disposent pas suffisamment de blindés, d’avions de combat, d’hélicoptères d’attaque, d’avions-cargos, de drones, de satellites d’observation, etc.

Une consolation, pour les « faucons » politiques ou les militaires qui rêvent d’un budget de la Défense astronomique : aucun pays européen ne dispose d’un arsenal plus fourni que celui de la France.

Mais, cela ne préoccupe pas trop la plupart de nos voisins, convaincus qu’ils ont raison de confier leur sécurité au parrain américain et à l’Otan. Et de ne pas accorder le moindre crédit à cette « Europe de la défense » dont Macron demeure le promoteur obstiné.


Claude Angeli. Le Canard enchaîné. 30/03/2022


Une réflexion sur “Y a-t-il vraiment « paupérisation » des armées françaises ?

  1. jjbadeigtsorangefr 05/04/2022 / 9h45

    Aide toi, le ciel t’aidera………

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