Un programme… expédiant sous terre !

« Nous devons travailler plus. Et là-dessus il y a deux leviers : le plein-emploi et la réforme des retraites. Le premier objectif pour travailler plus est le plein-emploi. Cet objectif est atteignable : il consiste à faire dans les 5 ans qui viennent ce que nous avons fait dans les 5 ans qui viennent de s’écouler. Et donc je considère qu’en prenant cet engagement, je suis volontariste, mais réaliste. »

Emmanuel Macron en campagne pour un deuxième mandat 2022/2027…

Ce passage de la conférence de presse tenue par Emmanuel Macron la semaine dernière est très étonnant. Tout d’abord, parce que, plongé le nez dans les statistiques, Emmanuel Macron vit dans un monde enchanté où nous nous rapprocherions du « plein-emploi », alors que des millions de gens sont toujours privés de tout travail, et des millions d’autres n’effectuent que quelques heures par semaine, dans des emplois qui ne leur plaisent pas, et sont très mal payés.

Surtout parce que [derrière l’annonce grandiloquente] le plein-emploi n’est pas [vraiment le but du gouvernement/Medef]. Non. Il n’est qu’un objectif intermédiaire au service d’une cause plus grande : travailler toujours davantage [pour augmenter les profits].

[…]

La France, ce pays qui ne travaille(rait) pas assez

Sur le plan strictement économique, Macron a été nourri par toutes les publications de l’OCDE des dernières décennies qui pointent le relativement faible taux d’emploi de la France. En effet, si l’on regarde la tranche d’âge 20–64 ans, nous ne sommes « que » 72 % à nous lever le matin pour aller turbiner, soit pile la moyenne des 27 pays de l’UE, mais ce qui est moins qu’en Allemagne ou au Danemark (78 %) ou, pire encore, en Suède (80 %).

Ce qu’explique Macron, et qui est vrai, c’est que plus l’âge légal de départ à la retraite est élevé, plus le taux d’emploi des seniors (55–64 ans) est haut. En effet, si vous êtes obligé de rester travailler plus longtemps, ben, vous le faites, quitte à y laisser votre santé.

D’ailleurs, l’indicateur principal de taux d’emploi, celui des 20–64 ans, correspond à 44 ans de labeur. Mais quel ministre ou député LR-EM souhaite que son fils commence à travailler à 20 ans ?

Mais la réalité est assez terrible. Selon votre année de naissance, vous devez déjà cotiser 42 ou 43 ans pour partir avec la fameuse retraite « à taux plein ». Il n’est pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que partir à 65 ans avec sa retraite maximum ne va pas être possible pour de très nombreuses personnes âgées aujourd’hui de 20 ou 30 ans.

De plus, en France, 90 % des gens sont salariés. Le fait de pouvoir travailler dépend de l’existence et des décisions d’une autre personne, qui va les « employer » – ou non. Or, dans la plupart des entreprises françaises, on est qualifié de « senior » à 40 ans, de dinosaure à 50, et de grabataire à 60. Alors, comment rester travailler à l’usine, dans le commerce ou au bureau jusqu’à 65 ans ?

Eh bien, c’est impossible. À l’heure actuelle, à 62 ans, actuel âge minimum de départ en retraite, seul un adulte sur deux travaille. Les autres sont soit déjà morts, soit malades, soit au chômage, ou au RSA, perçoivent une allocation adulte handicapé, etc.

Et donc les éventuelles économies faites sur les retraites se retrouvent en dépenses sociales, oh comme c’est intelligent.

Ce qu’ont réussi les réformes des retraites des dernières années, c’est une belle saloperie, assumée comme telle : en augmentant toujours plus le nombre d’années de cotisations pour une retraite pleine, passé de 37,5 à 43, vous savez que de plus en plus de gens n’arriveront pas à satisfaire à cette exigence, car ils seront malades, lourdés, touchés par la disparition de leur usine ou de leur métier à un âge où il est très difficile de se former à une nouvelle activité, etc. Donc vous baissez les retraites sans le dire, c’est hyper malin.

Aucun problème n’existe de financement des retraites

D’ailleurs, dans toutes ses projections, le Conseil d’orientation des retraites explique que, en raison des réformes Balladur (1993), Fillon (2003), Woerth (2010), Touraine (2014) et autres, le coût des retraites est maîtrisé à l’avenir. En mars 2019, Agnès Buzyn, alors ministre des Solidarités et de la Santé, et Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes publics se réjouissaient du retour à l’équilibre du régime général des retraites et du fait que, dans son ensemble, la Sécurité sociale était « proche de l’équilibre ».

En 2021, le déficit du régime général des retraites a été inférieur à 3 milliards d’euros, et les retraites complémentaires ont même connu un excédent !

À l’inverse, ce gros nul d’État français a enregistré un déficit de 170 milliards d’euros. Et Macron vient donner des leçons à la Sécu, alors qu’il a volontairement fait perdre des dizaines de milliards de recettes par an à l’État : suppression de l’ISF, baisse de la fiscalité sur le capital, diminution de l’impôt sur les sociétés, forte réduction des impôts de production (20 milliards de perdus chaque année à eux seuls), etc.

[…]


Jacques Littauer. Charlie Hebdo Web. Source (Extraits)


Étudiants, salariés, retraités… ne votez pas pour ce banquier « par défaut », regardez votre intérêt, votez pour un candidat présentant un programme social au plus près des « jours heureux » garantissant les services publics. Mais, d’abord allez voter pour que personne ne soit élu grâce aux abstentions. MC


Une réflexion sur “Un programme… expédiant sous terre !

  1. jjbadeigtsorangefr 26/03/2022 / 10h46

    170 milliards de déficit? Vous avez mal compris, ils sont bien passés quelque part, sinon comment expliquer la croissance phénoménale des grandes fortunes, les bénéfices extraordinaires, les dividendes qui explosent……………….

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