Arrêtez tout !
Les enquêtes, les bouquins, les « Cash Investigation » et autres révélations sur les Ehpad privés : plus la peine de fouiner, tout est réglé. Terminé de se goinfrer sur le dos (et la dignité) des personnes âgées. Les géants Orpea et Korian ont trouvé la solution : ils vont se transformer en « sociétés à mission ». C’est pas beau, ça ?
Mais c’est quoi, une société à mission ? Un truc épatant, créé en 2019 par la loi Pacte, qui permet à une entreprise d’inscrire dans ses statuts ses « objectifs sociaux et environnementaux ». C’est énorme, c’est magique, ça change tout. La preuve : d’autres, avant, comme Danone ou le Crédit mutuel, se sont dotés de ce statut ; avouez qu’on ne les reconnaît plus.
L’opération de com’ est déjà en marche : « Cela montrerait que le but[des Ehpad privés] n’est pas purement financier », défend, sans rigoler, le fonds d’investissement Mirova, troisième actionnaire d’Orpea (« L’Obs », 27/2). Et nos financiers d’en rajouter une couche : « Une société [à mission] est dotée d’un comité qui inclut notamment des représentants des salariés, mais aussi des personnalités extérieures : dans le cas d’Orpea, des représentants des résidents. »
Bref, ce serait un vrai garde-fou. A un détail près : ça existe déjà, à l’échelle de chaque Ehpad, avec les conseils de vie sociale, sans que cela empêche les dérapages…
Autre argument de nos marchands de vieux : les fameuses sociétés à mission font appel à des « organismes tiers indépendants » pour réaliser des audits. Rien de bien nouveau, là encore : les Ehpad menaient déjà des audits externes, tous les cinq à sept ans, avec le (non) résultat que l’on sait (« Le Canard », 9/2). Peu importe, Korian compte bien afficher ce nouveau grelot dès 2023. Avec un raisonnement en béton avancé par la patronne du groupe, Sophie Boissard, devant l’Assemblée le 16 février : « Je suis convaincue que, si nous adoptons le statut d’entreprise à mission, [cela] imposer[a] une forme d’autodiscipline. » Chez ces groupes privés, c’est même une seconde nature…
Moins convaincue, la Cour des comptes propose, elle, d’en revenir au bon vieux contrôle par l’Etat (« Les Echos », 24/2) : la Cour contrôlerait « les produits des prestations hôtelières(hébergement, repas, animations), les charges correspondantes, les postes immobilier et achats, les flux financiers entre les établissements et leurs maisons mères ». Face à nos géants en roue libre, il est temps de se réveiller : « Toute prise en charge sans contrôle rend fou », a résumé le patron de la Cour, Pierre Moscovici, lors d’une audition devant le Sénat.
Le fondateur de DomusVi, le troisième groupe d’Ehpad, a, lui, déjà un peu lâché la rampe.
Dans une « Lettre à Elise (Lucet) », Yves Journel, dont la fortune était estimée à 750 millions d’euros en 2021 par « Challenges », devance de nouvelles révélations sur son groupe : « Je suis déboussolé, je croyais être vertueux, on me dit que je suis vicieux, je croyais être riche de mes idées, de mes initiatives, on nous soupçonne de détourner des fonds publics. »Quel malheur ! DomusVi a certes « pris de la valeur »grâce à sa « croissance », mais c’est pour le bien de l’humanité, défend notre patron modèle : « Je crois que, plus nos entreprises sont grandes, plus le risque de dérive est faible. »C’est bien la preuve, comme on dit chez Orpea !
Article signé des initiales I. B. Le Canard Enchainé. 02/03/2022
Comme pour les complémentaires maladie, les ehpad les hopitaux et cliniques devraient être interdits à des entreprise à but lucratif. Le mieux d’ailleurs serait de confier aux municipalités les ehpad.
À titre d’info… l’Ehpad de Ruoms, était géré par la municipalité… en dehors de placer toute sa famille dont quelques incapables et surtout peu formés et quelques personnes très « sympathisante » auprès du Maire de l’époque, la gestion municipale n’a pas empêché la directrice de se servir effrontément dans la caisse avant que l’établissement passe via les ARS et parce qu’il y a eut de nombreuses récriminations des parents de personnes résidents (dont ma mère) dans ce foyer.
Certes, les personnes malhonnêtes existent dans toutes formes de gestion, mais de là à assurer que ce serait mieux si c’était gouverné par une municipalité, je n’en jurerais pas.
Amitiés
Michel
la sécurité sociale doit gérer les Ehpads, former les personnels d’encadrement, contrôler le fonctionnement au travers de conseils de gestion composés du maire de la commune, de représentants des usagers, des parents d’usagers et du personnel……..La participation aux frais de chacun des usagers devrait être limitée sans jamais dépasser les revenus propres des patients……