Libres jugements

Sources tronquées, manipulations/interprétations des écrits ; le roi s’écrit avec un Z

Malheureusement bien peu de personnes auront le temps matériel pour consulter l’ensemble des archives nécessaires permettant de confondre les affirmations historiques de l’essayiste/polémiste/historien du dimanche.

Les exemples sont de plusieurs ordres :

Dans ses affirmations, il prétend que « De Gaulle n’évoquera pas le sort des juifs dans ses mémoires de guerre […] . [Qu’au] procès Pétain, personne ne lui reprochera […] la livraison des juifs étrangers », assure Éric Zemmour (le « Destin Français » P. 532.)

La réalité est toute autre, dans « L’Appel », le chef de la France libre condamne les « basses persécutions » (Mémoires de guerre tome 1 P. 226), et, à trois reprises dans « l’unité » Il évoque à chaque fois en le pointant négativement la politique intérieure du régime pétainiste de 1942 43 44 en le qualifiant de « honteuse aurore de la persécution juive » (Mémoires de guerre tome 2 P. 37, 89, 170).

Par contre, lors du procès Pétain, la livraison des juifs étrangers fut évoquée par une douzaine de témoins, notamment Pierre Laval poussé dans ses retranchements à ce sujet.

Le procureur général Mornet dans son réquisitoire, insista sur le bilan de la déportation particulièrement sur celui des juifs avec ses propos entre autres en direction du Maréchal : « je ne me demande, en vérité, comment la situation des Français peut pu être pire » (audience du 11 août 1945,P. 336) ce qui obligea les avocats de Pétain à se rabattre sur la notion « du moindre mal », notion qui permettrait d’affirmer : sacrifier les juifs étrangers pour sauver les français.

Le polémiste cite à la fin du chapitre consacré à De Gaulle, dans le « Destin français » un propos qui, tel que présenté et une attaque antisémite.

L’idée-l’obsession de l’essayiste est de vouloie démontrer que De Gaulle était aussi antisémite que les hommes de Vichy… Si De Gaulle ne s’est jamais privé de critiquer Léon Blum, il n’a jamais fait la moindre allusion antisémite dans ses propos. Blum est étranger aux intérêts du pays par son internationalisme indécrottable, son socialisme et parce qu’il est un « esprit faux ».

C’est avec des manipulations de ce genre que Zemmour tente de mettre Pétain et De Gaulle sur le même plan

Poursuivant sa réhabilitation en minisant l’implication du régime de Vichy dans la déportation des personnes de culte juif, il entend au sujet des rares déportations des juifs étrangers par l’état 1942 dans le « Destin français » que les juifs français n’avaient rien contre ce débarrasser de ces émigrés indésirables.

Citant pour ce faire, Jacques Helbronner, président du consistoire sous l’occupation : « fin 1941, devant l’abbé Golsberg (en fait Glasberg) et le père Chaillet qui organise la protection et le sauvetage des juifs étrangers réfugiés », il dissuade le cardinal Gerbier (en fait Gerlier) d’intervenir en faveur de ces derniers internés dans des camps de transit : « […] il ne faut pas que le cardinal intervienne en faveur d’étrangers. Cela ne peut qu’aggraver notre situation » (Destin français P. 532).

Tout est faux dans ce passage.

Le pseudo historien utilise à ses fins, un témoignage de Glasberg, postérieur de plus de 35 ans après les faits. En outre, en admettant que ses paroles ont été prononcées par Helbronner, elles n’ont pas été tenues devant l’abbé Golsberg,mais uniquement auprès du cardinal Gerlier qui les répétera à son entourage.

Dans ces conditions les propos provenant d’un ouï-dire ne peuvent garantir leurs parfaites authenticité. Enfin, le polémiste situe ses propos à la fin de 1941 alors qu’ils ont lieu en 1940 il n’est pas question alors, de « sauvetage » ni de « camp de transit ».

Dans les faits seul le Consistoire présidé par Helbronner authentifié, aurait protester dans un courrier adressé à Laval, contre la grande rafle du 26 août 1942 en ces termes : le Consistoire Central ne peut avoir aucun doute sur le sort final qui attend les déportés, après qu’ils auront subi un affreux martyr […] . Il a été établi par des informations précises et concordantes que plusieurs centaines de milliers d’israélites ont été massacrées en Europe orientale (Mémorial de la Shoah CDJC,CCXIII-15001, lettre du consistoire ses central israélite à Pierre Laval, 25 août 1942).

Pour conclure la série d’articles « comprendre » nous reprendrons intégralement les propos de Laurent Joly dans son livre la falsification de l’histoire page 125…

 « Le principe du talk-show est taillé sur mesure des gens comme Zemmour qui s’arrange toujours pour débattre avec les journalistes des politiques qui en savent moins que lui, ou qu’il peut déborder par son éloquence. Quand il se trouve face à un spécialiste qui le place devant l’une de ses falsifications flagrantes, tel historien Patrick Weil, il rétorque qu’il est libre de ses interprétations (BFM TV, 23 octobre 2018

Or en histoire comme dans n’importe quel domaine, tout ne se vaut pas ; il est des interprétations erronées et irrecevables car mal fondées. Le triomphe de Zemmour repose donc sur un profond relativisme, dans l’air du temps, qui autorise à tout dire, à tout contester, à tout niveler. Le comble pour un zélateur de la « hiérarchie des valeurs ».

Surtout le polémiste et le symptôme d’une certaine paresse intellectuelle, qui pousse parfois journalistes et politiques à céder à la facilité voir un masochisme effréné et ouvre des boulevards à la rhétorique zemmourienne.

Pourtant face au phénomène Zemmour, il n’y a sans doute pas d’autre planche de salut que celle de l’exactitude des faits et de la rigueur de l’analyse.

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D’après le fascicule de Laurent Joly — « La Falsification de l’Histoire » — Ed. Grasset. 12 €

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